[ par avance, mes excuses pour la longueur et la piètre qualité de ce premier essai

ce qu'il y a de pratique avec les manifestations motos, c'est qu'on trouve toujours de quoi se satisfaire, même si on les fréquente depuis quelques années.
Me voilà donc le weekend dernier en villégiature du coté du circuit de Magny-Cours, pour le Bol d'Or Classic 2011, un classique des rendez-vous annuels sympathiques.
La folie étant de ce monde, une pote qui courrait me demanda de l'assister pour les ravitaillements, car je manie la béquille de stand comme personne


Rongeant mon frein de ne pouvoir m'amuser avec les petits copains sur la piste, un petit tour du village me permit de voir un stand Aprilia - Moto Guzzi "on tour", avec canapé et commerciales en beauté.
Ne fréquentant que peu les concessions motos, et les essais intéressants étant rarement possibles dans ma campagne, me voici demandant le prochain créneau horaire pour essayer la seule bécane me faisant de l'oeil , la petite RSV4 Factory. Le lendemain à midi ? ça tombe bien, je reste le weekend et j'ai rien de prévu

Des essais, une course et un couché à 3h du matin plus tard, me voici frais et dispo à ce même stand le lendemain midi, dans un état tranquille et maîtrisé qu'on pourrait résumé en deux mots : " chaud patate ".
Le temps est menaçant, des gouttelettes tombent par moment, force et honneur, la confiance règne.
Petit briefing rapide : un ouvreur, un intermédiaire, un fermeur, mode enroulé tranquille, temps menaçant donc attention, enfin "attention surtout pour celui qui a la factory, vu les pneus dont elle est équipée... C'est toi, et ben tu fais gaffe quand même"
T'inquiètes mon poulet, je vais tous les pourrir. Oups pardon, un vieux réflexe

( du supercorsa, aussi rainuré qu'un bitume de circuit

Après avoir tourné un peu autour, voici le grand moment... ou pas. Voilà l'essayeur de la RSV4 "normale", blanche telle la neige du matin dans une prairie paisible, qui s'approche de la factory. Deux motards présents à coté lui glisse deux ou trois mots, je m'approche doucement le sourire en pensant à ce qui va arriver.
Clé introduite, mais récalcitrante, il prend deux secondes pour réfléchir, sauter de la moto et se diriger fissa vers la normale.
Etant plus souvent qu'à mon tour dans sa situation, je ne chambre pas, je m'approche, glisse la clé et met le contact en me contentant d'un "manqué" discret suivi d'un clin d'oeil aux deux motards, toujours spectateurs

Je coupe le contact, m'équipe et je grimpe. Je grimpe en effet, car cette sportive est relativement haute. Mon dernier essai avait été une CBR 600RR, les deux pieds au sol. Là en l'occurrence, c'est plutôt petit rat de l'opéra, les deux pointes en contact , ou un pied complet en déhanchant à fond. Rien d'inhabituel, ça ne dérange pas mon mètre soixante dix au garrot redressé.
Les bracelets sont moins bas que j'aurai pu pensé, la position est sportive mais pas extrême, je vais attendre de rouler pour pouvoir monter correctement sur la selle.
Contact, l'ordinateur de bord se met en route, beaucoup d'indication, rapport engagé, mode ( pluie , normal ou circuit ) en 78kW, température, compte tour, digne d'un airbus.
Petit coup de démarreur, elle s'ébroue. Son rauque, mais discret.
La température moteur est bonne, elle revient juste de son précédent petit tour, pas de préliminaires à prévoir donc.
Une petite photo de la bête et du bête pilote dessus.

C'est parti, on se positionne tous en file indienne pour sortir du paddock par une des portes arrières. Le gabarit de cette moto me bluffe, elle est vraiment petite, donc parfaitement à ma taille

Nous voici sur la route. Je recule sur la selle et automatiquement, j'ai une position de pilote en limande, nez dans la bulle, fesse en l'air, bras bien positionné avec l'impression d'être assez à plat, assiette correct pour le futur envol. Elle est moins agile que je pensais, attention, je veux dire, elle me donne moins une impression de facilité que les dernières sportives que j'ai essayée. Elle n'est pas lourde, mais attend simplement qu'on l'inscrive sur l'angle, sage, sans prendre l'initiative, ça tombe bien, j'adore.
Le rythme et tranquille, je me retrouve avec un dorsoduro devant et l'autre RSV4 derrière, on s'entend vite fait : quelques distances sont prises avec les autres un poil plus lent devant pour tester l'accélération...
Et là mes aïeux, chapeau bas, c'est plein comme un oeuf, 2000 tours, rotation de la poignée de gaz, le doux son rauque change et devient plus présent, ça pousse fort (sans non plus être exceptionnel). Je coupe et je regarde le compte tour, mazette, 7000. C'est sympathique, on peut reprendre très bas et déjà se faire bien plaisir, vivement que je puisse voir ce que donne la seconde partie du compte tour

Le changement de position sur la belle est naturel, on a de la place, on peut passer de droite à gauche en déhanché sans être gêné.
Le moteur chauffe un peu les guibolles, pour compenser, faut aérer


Grande courbe, ça passe tout seul et le coffre à bas régime est diabolique, filet de gaz,virage, gaz, puis poignée dans le coin, la moto saute de virage en virage avec une efficacité déconcertante. Un petit pif paf rapide avec un raccord de bitume pas propre me rappelle à l'ordre, la moto réagit vivement. Si j'avais mis les gaz, début de guidonnage assuré ( qui aurait été rattrapé par l'amortisseur de direction ). Elle est donc douce à mettre sur l'angle, mais vive en réaction, attention...
Le freinage, que dire... excellente accroche, sans être trop violent ( à condition d'oublier les prises à pleine main bien sûr

J'ai détesté de façon admirative l'efficacité de l'anti-dribble : quel que soit le régime moteur, on tombe un rapport, aucun balayage de la roue arrière, tout en gardant un frein moteur de bon allois. Je n'aime pas ce type de système, c'est pas mon truc, mais il est précis, efficace, et agréable à utiliser.
Ride By Wire, : RAS, utilisation inchangée, faut tourner la poignée droite

On avance dans notre petit parcours ( 30 km ) en tout pour arriver à une portion de voie express. Et tout le monde a compris le message, c'est le moment d'essayer les moteurs.
Nez dans la mini bulle, les fesses bien en arrière et en hauteur, la position est parfaite.
Chacun prend une bonne marge de sécurité et ouvre en grand, pour voir ce que les bécanes ont dans le ventre.
Deux accélérations... j'ai eu deux accélérations pour comprendre que ce V4 pouvait être aussi séduisant que frustrant.
La douche froide : le bridage. Oui, il y a suffisamment de 106CV sur une moto pour se faire plaisir / mal, c'est un fait. Ma CBF 600 ( N Bleu polaire 2004, les meilleures


Jusqu'à 7000 tours, ça pousse velu, et au delà, on s'attend à l'explosion, au catapultage, à la mise en orbite, au coup du mentos dans le coca, et bien que dalle

L'intérêt de cette RSV4 se situe dans le fait qu'aussi pleine en bas qu'elle soit, elle arrache les bras en haut des tours. Le bridage enlève simplement l'intérêt de cette bécane.
Car pour pousser fort de 3000 à 8000, autant prendre un gros Bi de 100CV, il sera plus à l'aise, plus performant et on passe le rapport suivant arrivé à 8000 tours, et ça recommence aussi fort.
Retour en direction du circuit, sans faire le kéké, quelques petits coups de gaz pour voir comment ça chante... et c'est monstrueux ! Un fois la valve à l'échappement ( pour l'homologation ) ouverte, ça sonne vraiment comme un V4 de Grand Prix, rauque, agressif, jouissif ( vous connaissez mon oreille mélomane

Encore un rond point, une grille pour rentrer sur le circuit et on gare la bête bien alignée pour les prochains essais.
Belle machine, bel essai, belle conclusion ?
Superbe : c'est assez subjectif en effet, mais de mon point de vue personnel, c'est la seule sur laquelle j'accroche dans la catégorie tronche de motoGP.
Excellente : qualité dynamiques indéniables, équipements fantastiques.
Moteur : perfection divisé par deux.
Je ne roulerai pas débridé, donc cette moto ne sera pas dans mon garage. Mais il parait que les lois sont sur le point de changer. Alors qui sait
