
C'est fait, je l'ai essayée.
Donc après l'essai de JP qui roule d'habitude en CBR, voici l'essai de l'écureuil qui roule d'habitude en VFR...
Aujourd'hui, pluie le matin, et l'après midi le soleil sort et commence à sécher la route. C'est l'occasion pour moi d'aller sortir titine du garage et peut-être même de faire un essai de la VFR 1200, vite fait avant le retour de la pluie et du froid. Coup de fil au concess : il a eu la même idée que moi et il vient de mettre la moto devant la concession.
Le temps de sortir du boulot, de rentrer m'équiper et sortir la miss 800 du garage, de faire la pression des pneus et virer un peu de poussière et on descend à Voiron avec mon fidèle co-équipier

Arrivé devant la concession, elle est là, dans sa robe blanche encore immaculée.
Le temps de faire les papiers, de récupérer les clés et de choisir quelle machine l'accompagnera (ce sera le VFR 800, afin de pouvoir comparer "en live"), on démarre le moteur dont le son est très discret (trop comparé au 800) et on est parti.
Je passe une première d'une pitchenette sur le sélecteur, et en route. Assis sur la moto, je me sens tout de suite en territoire connu. La position est la même, pas trop penché, pas trop droit, tout tombe bien sous les mains et les pieds niveau commandes, sauf le cligno sous le klaxon qui demande quelques minutes pour s'y faire. Seule différence flagrante d'avec la petite soeur, la finesse de la moto entre les jambes. On ne la sent quasiment pas, on a les cuisses parfaitement plaquées contre le réservoir jusqu'aux genoux, et sans forcer. C'est super naturel et du coup on est moins entraîné vers l'avant par notre poids, soulageant les poignets. De plus, à l'arrêt j'ai les pieds quasiment à plat par terre, ce qui pour moi n'est vraiment pas courant (sur la 800 je suis sur les orteils).
La traversée de Voiron se fait sans encombres. Je vais contredire JP, mais c'est normal, il a l'habitude du 4 en ligne de la CBR ; mais pour moi le moteur est souple, surtout comparé au V4 800cc de la petite soeur. On peut descendre jusqu'à 1500 tours en 3ème en ville, ça ne cogne quasiment pas, et ça repart quand on demande.
Grâce à cette souplesse la ville est beaucoup plus agréable avec le 1200 qu'avec le 800 qui cogne dès qu'on descend sous les 3000 tours et qui donne des coups dans les reins dès qu'on met un filet de gaz. Le passage ralenti/gaz du 1200 est bien plus souple, parfaitement géré et on finit par enrouler en seconde là où le 800 oblige à de constants passages entre la 1 et la 2.
Seconde chose qui frappe, les freins. Malgré les plaquettes neuves (40km) le frein avant ne manque pas de mordant, et toute saisie un peu appuyée et incontrôlée des freins vous propulse par dessus la moto... gros progrès comparé à la 800. La fourche aussi est meilleure, la 1200 plonge moins, l'arrière déleste ainsi moins que sur la 800.
Une fois sorti de la ville on se retrouve sur de petites routes qui tournent un peu, mais certaines portions étant à l'ombre et les pneus encore enduits de paraffine, je resterais calme sur les gaz, surtout qu'une petite zone humide en sortie de courbe sur une route globalement sèche m'a fait faire un petit peu d'huile... faudra attendre que tout soit rôdé pour voir ce que donne l'attaque.
Mais dans l'ensemble, en enroulant tranquillement entre 3000 et 5000 tours, le moteur est parfaitement contrôlable, on peut y aller sans réelle appréhension (si ce n'est cette foutue paraffine sur le mouillé).
Les rapports passent avec une douceur exemplaire, Honda m'a habitué à des boîtes souples, mais là, c'est encore mieux. C'est doux, souple, velouté, silencieux... que du bonheur...
En accélérant une fois sur les portions sèches, on sent sa polyvalence. La moto change d'angle avec facilité, elle répond parfaitement aux gestes du pilote, à aucun moment je n'ai ressenti le surplus de poids par rapport à la VFR 800. Et pourtant ma 800 est équipée d'un Pilot Power à l'avant et d'un Pilot Road 2 à l'arrière, combinaison qui l'ont rendue bien plus agile qu'avec la monte "GT" d'origine ; mais la VFR 1200 (équipée de Dunlop Sportsmax RoadSmart) s'avère tout aussi agile dans les épingles négociées en souplesse en seconde (alors que sur la 800 ça cogne, on a envie de tomber la première mais elle serait encore plus violente). Les enchaînements de virages passent sans soucis, la seule chose qui monopolise mon attention est la gestion du freinage... faut y aller plus molo qu'avec la 800...
Les creux et bosses sont efficacement gommés par les suspensions, le confort est royal.
Fin de la portion viroleuse, on retrouve les plus grands axes, les grandes courbes et la circulation. On va voir ce que ça donne à rythme plus sportif.
Vu le creux sous les 3000 (zone à réserver à la ville), c'est donc à partir de 3000 tours qu'on va pouvoir s'amuser un peu (à comparer aux 7000 tours de la 800 VTEC) et révéler le côté sportif de la machine. Et oui, parce que dans "Sport-GT" il y a "Sport", donc il doit quand même y avoir quelque chose... et c'est là que cette machine est déstabilisante. Quand on accélère, l'aiguille du compte tour semble faire du sur-place, le guidon ne vous arrache pas les bras, et on entend guère plus le moteur... mais quand on regarde le tachymètre


C'est dans ce genre de situation qu'on apprécie les gros étriers 6 pistons...
Là se trouve toute l'ambiguïté de cette machine : c'est une sportive pour ce qui est du moteur (démonstratif dans les tours), du cadre et de la partie cycle et freinage (irréprochables) ; mais tout est dissimulé dans des prestations de GT (confort, sonorité, protection).
On retrouvait déjà ça dans la génération précédente, on pouvait déjà dépasser allègrement les limitations sans pour autant s'en prendre plein la gueule ou sentir la moto bouger ; mais avec le 1200cc ça va encore plus loin. Le moteur est tellement silencieux qu'on n'a pas l'impression d'être à fond, et le carénage (pourtant pas plus large que sur la 800) est tellement efficace qu'on ne sent pas la vitesse.
Au final, je dirais que la VFR 1200 est toujours une VFR, mêlant confort et agilité, mais avec une polyvalence décuplée. Faire des longues routes devient moins fatiguant (moins de bruit, plus de confort, plus de protection) et l'ars... euh... la petite balade du dimanche devient plus agréable (plus de puissance, meilleur freinage, meilleure tenue de route).
La seule chose que je trouve dommage sur cette moto, c'est le son trop feutré comparé au 800, dont les envolées lyriques à partir de 7000 tours au déclenchement du VTEC vous titillent les oreilles... mais c'est bien la seule chose qui manque à la 1200...