
Nous voilà donc partis sur nos belles respectives pour rejoindre les concessions de Voiron, où étaient disponibles nos deux protagonistes du jour :
La Suzuki 1250 Bandit et la Yamaha FZ1 Fazer.
On commence par Suzuki.
La moto est dehors, une fois la paperasse faite, le vendeur nous la démarre, non sans nous donner quelques petits conseils :
- faites gaffe sur l'angle, de pas trop tourner la poignée de droite, ça glisse facile avec le gros couple...
... OK, ça met tout de suite en confiance

C'est Célestin qui s'y colle en premier. Direction... euh... on va où ? Crossey ? ouais, bon, bah c'est parti...
En premier lieu, s'extirper de Voiron et sa circulation. Derrière les voitures, en première, sans même toucher aux gaz, la moto avance toute seule, tranquille, c'est maniable les freins mordent correctement, sécurisant. L'ABS installé sur cette version peut éviter certaines erreurs. Même à basse vitesse, la machine reste facile, on ne sent pas son poids. Une chose suprend par contre pour une telle cylindrée : le silence. Elle fait pas un bruit cette machine...
Une fois sorti de la ville, les petites routes de Chartreuse s'ouvrent à nous, la grosse Suz' ouvrant la marche. Derrière, ma CBF suit tranquillement le train de sénateur imprimé par Célestin. Mes yeux s'attardent un peu sur le pot d'échappement, moche, y'a pas à dire, c'est laid, sinon le reste est pas mal. Je reste même un moment à surveiller son pied gauche... totalement inerte sur le repose pied.
Cette machine a un couple phénoménal, on passe la 1, on monte à 3000 tours, on met la 2, on monte à 2500 et on met la 3.. et on touche plus rien, on est à 90 à 3000 tours.

La route défile tranquillement sous nos roues, et une fois les gorges de Crossey passées, petite pause photo avant échange des pilotes...
Rien ne la distingue de la 650, ou presque...


Mais alors qu'est-ce qu'il est moche ce tromblon...

Compteur complet et lisible

Les impressions à chaud du fréro : C'est confortable, on tient bien le réservoir avec les jambes, il n'est pas trop large ; mais la bulle provoque des remous sur le casque, pas top... j'la préfère en N (ndr: notez le manque de goût flagrant

Petit coup d'oeil au passage à l'espace sous la selle : y'a pas grand chose... dixit le concess, on peut tout juste y mettre un U.
A mon tour de prendre la route avec ce gros jouet coupleux.
Déjà, première chose, la selle est assez basse, bien qu'en position haute, les commandes tombent bien sous les mains, c'est bien pensé. Par contre, la finition fait bizarre, c'est tout carré, on dirait que ça sort direct de la fonderie, ça manque un peu de travail sur la finition.
Bon, on va pas s'arrêter à ça, et puis de toute façon, faut bien la ramener chez elle... alors en route.
On refait le trajet en sens inverse, donc Gorges de Crossey, et tout de suite, je sens ce que le concess entendait par "ça pousse".
Effectivement, ça pousse. Mais pas, ça pousse... non... mais plutôt ça pouuuuuuuuuussssssseeee.
Dès la moindre rotation des gaz, le moteur vous catapulte la moto vers l'avant... mais seulement la moto... vous, vous restez sur place...

C'est réellement bluffant. Par contre, ça en devient même flippant sur nos routes de montagne au revêtement pas toujours propre sur lui... on finit même par retenir la bête, tellement elle semble indomptable. En plus, les freins sont bons, mais sans plus, c'est pas du sportif ; je finissais même par éviter de doubler les bagnoles, de peur de partir en wheeling et de pas pouvoir m'arrêter avant le prochain virage...
Je me suis donc contenté de tester la traction (à ce niveau là, c'est plus de la poussée, c'est de la traction... sur les bras) du 1250 sur des lignes droites... j'vous dis tout de suite, j'ai pas passé la 4. Déjà en troisième à 5000 tours, c'est de la folie. A 3000 il pousse, mais au delà il pousse plus, il arrache, il étire, il écartèle !!! T'a pas encore mis la 4 ni atteint la zone rouge que t'es déjà à 140...
J'ose pas imaginer ce que ça peut donner sans la bulle...

D'ailleurs, cette bulle me protège très bien, moi (pour une fois qu'il y a des avantages à être petit...

A part ça, la boîte est pas mal, mais on sent le passage des rapports, c'est pas le beurre Honda, c'est plus dur. Précis, mais dur. En même temps, faudrait voir la 4, la 5 et la 6, mais vu qu'elles doivent encore être neuves, c'est pas dit qu'elles soient plus tendres...
Cette bécane a un sacré potentiel, reste à savoir si le reste suit vraiment le moteur. C'est du bestial, mais qui incite à rouler sur le couple à très (très très) bas régime. On ose pas aller chercher le haut du compte tour, le tachymètre indiquant alors des chiffres à faire clignoter "danger" dans notre tête (surtout en cas de MIB sur les bords de route). Et surtout, faut de sacrés gommards pour tenir la moto au sol dans les courbes, et le pneu arrière doit en prendre plein la tronche, tout comme le kit chaîne.
Brutal, c'est le mot. Un moteur brutal au couple démoniaque dans une moto pépère...
On arrive chez le concess, on rend le monstre et les clés du monstre, on donne nos impressions au concess, et zou ! on file chez Yam, à 300 mètres

Chez Yamaha, rebelotte. Paperasse, clé, contact, gzzzzziiiiiii fait l'injection dans un joli balet de l'aiguille du compte tours et de l'afficheur LCD.
Comme tout à l'heure, c'est Célestin qui s'y colle.
On change de registre, c'est plus sportif. Et déjà les mauvaises habitudes "Bandit 1250" se sont ancrées dans les réflexes... première, on embraye, et pouf ! calé.

Bah ouais, c'est du sportif on a dit... y'a pas 12 m.kg à 3700 tours, là. Faut accélérer un peu pour démarrer...
Donc, re-démarre, et ce coup ci c'est la bonne.
Les différences d'avec le gros Bandit sautent tout de suite aux yeux... et aux oreilles.
Le moteur chante joliment. Le pot d'origine, au look un peu strange (m'enfin, c'est pas aussi strange que sur le Z1000) est bien sonore, et laisse respirer le moulin qui ronronne. Le son me fait un peu penser à celui du VFR, mais sans l'effet VTEC, et avec un son plus coulé, moins rageur. Perso, je préfère le VTEC et son superbe timbre de voix.
L'autre truc qu'on remarque tout de suite, c'est que la machine est beaucoup plus douce à bas régime. Là où le Bandit vous arache les bras à la moindre rotation de la poignée, le FZ1 se contente de vous pousser gentiment, mais de manière franche quand même. On sort donc de la ville au même régime que le Bandit en rase campagne (3-4000 tours), mais sans craindre une arrivée trop franche de la patate.
Vu de derrière, la gueule est vraiment sympa. Et puis la couleur lui va à ravir. Il manquerait juste des clignos cristal. Dommage.
Et le son est sympathique... déjà de derrière.
De dessus, c'est encore mieux. Une fois sorti de la ville, j'ai pas reconnu le fréro. Si le Bandit était facile à suivre, là j'ai du cravacher un peu ma pauvre petite 600 (attends que j'ai mon VFR, mon salaud...) pour suivre le rythme. Et puis c'est qu'il touche pas plus au sélecteur, l'enflure... il me pourrit la gueule sans monter les rapports... là où j'en monte deux !
Il se fait plaisir, l'enfoiré. C'est plus sportif, c'est sûr. Le comportement paraît plus sain, le chassis plus rigide met tout de suite en confiance dans les courbes, la puissance est parfaitement dosable, c'est net et sans frayeurs. Là où on craint de tourner la poignée droite avec le Bandit, on prend plaisir à le faire avec la FZ1.
Et surtout, le freinage n'est pas en reste. A peine tu penses à prendre le levier qu'il freine déjà. Le mordant est énorme, ça freine très fort à la moindre pression sur le levier. Le frein arrière n'est pas en reste (meilleur que sur le Bandit, dont la pédale s'enfonce longuement avant de sentir les effets du freinage... à croire que le moteur pousse encore), même s'il ne pourra servir que de ralentisseur.
Bref, faut y aller mollo sur le bitogno, sinon c'est un salto. Heureusement, l'ABS dispo sur notre modèle d'essai veille au grain.
Cette moto est un plaisir.
Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin... c'est l'heure de changer de main (désolé Célestin

C'est pas parce que j'ai trouvé mon bonheur que j'ai pas le droit de me faire plaisir...

Le FZ1 est un R1 roadsterisé, et ça se voit


Look bizarre, mais son adorable...

Ca paraît mieux fini que le Bandit. L'instrumentation est complète. Mais pas le réservoir. Comme la Bandit, on est en réserve... ils veulent pas qu'on aille loin, les salauds...

L'est vraiment jolie cette bécane mais pas autant qu'un VFR

Pas des masses de place sous la selle, mais des logements astucieux pour la trousse à outils, l'arc du U et la serrure. Bien vu également, la selle pilote se retire grâce à un petit levier situé sous la selle passager

Impressions à chaud du fréro :
Sacré machine. La position est agréable, le buste bascule naturellement vers l'avant, les commandes sont bien placées. Le moteur est agréable, ça reprend bien, mais ça reste dosable. Par contre, la boîte est sèche, et la remise des gaz après avoir monté un rapport est pas simple à doser à l'embrayage, ça donne un gros à-coup.
Allez, c'est à moi... lâche ces clés, j'te dis... doooonne !
Non mais...
En montant sur la machine, wouah... c'est haut... je touche à peine la pointe des pieds au sol. En plus la selle n'est pas super épaisse, dur de gratter des centimètres en la creusant sans certainement perdre en confort. Le guidon paraît alors assez bas, mais la selle penchée fait légèrement basculer le pilote en avant, et au final, c'est très naturel et pas inconfortable.
Je démarre, d'ailleurs le bouton du démarreur est loin de l'accélérateur, faut lacher la poignée... ou alors avoir un long pouce...
La première passe dans un gros CLAC ! au moins on sait qu'elle est enclenchée... et zou ! on rentre.
Première impression, bah ouais... faut monter dans les tours avant d'embrayer, y'a beaucoup moins de couple en bas que sur le Bandit. Le premier virage arrive, et tout de suite je sens que je vais beaucoup plus me faire plaiz' avec celle ci qu'avec la Suz'

Ca penche plus facilement, et surtout les gaz sont plus facilement dosables sur l'angle. Et puis, le couple n'est pas si absent que ça. Arrivé à 5000 tours, le moteur pousse déjà franchement. Et passé les 7000 tours, il en rajoute une p'tite couche...

Un petit coup d'oeil dans les rétroviseurs... c'est bon la vengeance...

C'est effectivement dans le registre sportif que cette FZ1 vient jouer. Le freinage est vraiment puissant, la tenue de route excellente, le moteur pointu mais qui distille quand même des sensations sur toute la plage de régime, et un son vraiment plaisant pour un pot d'origine (les constructeurs se mettent enfin à faire des échappements avec un bon son... reste à ce qu'ils les fassent avec un bon look).
Petit bémol, si le moteur et le cadre sont dans le sportif, la selle aussi... La position en avant légèrement sur les poignets et les cuisses bien serrée sur le réservoir n'empêchent pas le popotin de commencer à souffrir après une vingtaine de minutes. Au moment de la rendre, en fait... Sensation non vécue par Célestin, peut-être liée à une position différente sur la machine avec la différence de taille.
La protection de la bulle est aussi insuffisante pour moi, je prends des turbulences sur le casque, alors que le frangin n'en avait pas.
Cette machine semble donc plus indiquée pour les grands, alors que le Bandit conviendra bien aux pas grands.
Arrivé à la concession, on rend les clés à contrecœur, ainsi que nos impressions.
Verdict :
La Bandit est une superbe machine confortable pour qui veut cruiser sur un rythme balade, le moteur a un couple démentiel dispo très bas, parfait pour ceux qui n'aiment pas faire hurler le moteur ; mais ça en est même frustrant, à quoi bon mettre une boîte six et avoir un moteur qui peut tourner à plus de 8000 tours si on exploite réellement que les trois premiers rapports entre 1500 et 4000 tours ?
C'est un style de conduite qui peut avoir ses aficionados, mais personnellement, j'accroche pas plus que ça. Mais à 8500€ la version Naked avec ABS, le rapport qualité prix fait du mal aux concurrentes...
La FZ1 c'est tout l'opposé. Le selle est plus haute, plus dure, la position plus sportive, et le moteur incite à lâcher les chevaux hors de l'écurie. C'est joueur, maniable, et stable. J'avais essayé le Hornet 600 qui m'avait emballé par sa tenue de route, mais laissé sur ma faim sur le comportement moteur ; mais là, c'est l'osmose entre la tenue de route et l'arrachage de bras. C'est moins coupleux en bas qu'un B1250 ou qu'une CBF1000, pour s'amuser il faut aller titiller le compte tour, mais c'est bien bon quand même.
En tout cas, y'en a un qui est conquis :
