après l'essai d'une Aprilia RSV4 FActory, je me devais de rester dans le domaine des "machines d'exception" : le divin du cigare, la crème de la crème, the cerise on the cake. Et c'est donc pour cela que je vais vous compter ici mon essai d'un XR 400
Pour ceux qui ne connaissent pas, un HONDA XR 400, c'est ça :
PS : ce modèle est quelque peu modifié esthétiquement mais grosso modo, vous voyez de quoi on parle.
Petite fiche technique :
monocylindre 4T à refroidissement par air, 4 soupapes, simple ACT - alésage x course : 85 x 70 mm - cylindrée : 397,2 cm3
puissance/couple maxi : 34,6 ch DIN (25,4 kW) à 7 500 tr/min Couple maximal 3,57 daN.m DIN à 7 500 tr/min
boîte : 5 rapports
démarrage : kick
cadre : simple berceau dédoublé en acier, boucle arrière démontable
fourche : Showa classique Ø 41 mm, déb. 270 mm, double réglage - suspension AR : monoamortisseur Showa, déb. 300 mm, triple réglage
disques AV/AR : Ø 240/220 mm
Roues Avant/Arrière Jantes aluminium à rayons tangentiels Pneu Avant 80/100-21 51P Pneu Arrière 110/100-18 64P
empattement : 1 425 mm - garde au sol : 310 mm - hauteur de selle : 930 mm
poids vérifié tous pleins faits : 129,5 kg - contenance du réservoir : 9 litres.
Etant un pur poireau dans le domaine du tout terrain et de l'enduro ( encore plus que pour les motos de route, c'est pour dire
) cet essai est vraiment subjectif.Ma seule et unique expérience d'enduro remonte à un merveilleux RDVA ( pléonasme ) où, lors des activités diverses et variées du samedi après midi, quelques potos et moi avions passé quelques heures à faire n'importe quoi avec des 125 enduro.
Chutes, bains de boue, grosses et petites peurs, glissade en tout genre, escalade de falaise, tout y était passé, mais tout le monde était sorti repu,gavé, mort mais heureux de cet expérience formatrice.
Cet après midi avait été une révélation, oui, maintenant nous savions que finesse, délicatesse, précision sont nécessaires pour respecter l'unique règle en vigueur dans ce type de pratique motorisé ( tous ensemble en choeur avec moi ) : "debout sur les reposes pieds et GAZ".
C'est donc quelques années après que me revoilà près de cette machine, et prêt à renouveller l'expérience.
Le programme est simple, un peu de route pour faire le plein, puis rendez-vous avec un poto qui me guidera dans quelques chemins qu'il connait.
Tout d'abord, déplacer la moto sur le lieu de démarrage. La moto est légère, l'impression est renforcée par le grand guidon qui la rend bien maniable à l'arrêt. Le truc un peu bizarre, c'est d'avoir la selle quasiment sous l'aiselle lorsqu'on la déplace en étant à coté. Mazette, c'est haut ce truc là.
Moto sur la béquille, il faut maintenant procéder au démarrage. L'avantage de ce modèle c'est l'absence de démarreur. C'est donc un bon vieux kick des familles qui va premettre de lancer le gros mono... normalement...
Car en effet, il est tout à fait possible de kicker pendant de longues minutes / heures / jours / jusqu'à ce que mort s'en suive si on a pas l'habitude de ce genre de chose.
Cérémonial de démarrage :
Pas de clé de contact, on s'en fout
, ouverture de l'essence, manette du starter remonté à fond, vis de ralenti moteur vissée de 3/4 de tour, coupe contact sur ON, c'est prêt.Certains kick assis sur la moto, je peux pas, je suis trop petit ( Cf escalade XR 400, une voie 6A dans la suite de cet essai ).
Certains le font debout sur la moto, moto sur la béquille, la moto s'affaisse trop et tombe du coté oposé à ladite béquille pour ce modèle.
Pour moi, ça sera donc coté droit, avec le pied gauche.
On déplie le kick, on cherche le point de compression, on le passe à peine, on remonte le kick à fond, on appuie un poil pour trouver une résistance, on touche pas la poignée de gaz, on se prépare et KRÂÜ*
* ( prononcer cra u : onomathopée correspondante au fait d'appuyer de façon vive, lourde et forte sur le kick pour l'abaisser à son point le plus bas... y mettre sa race, en somme
)Et là normalement, ça part. Si ça ne part pas, on recommence, et si ça part vraiment pas, il y a des manip à faire, mais ce post est déjà long et j'ai déjà un contrat avec un éditeur pour un premier tome de 500 pages à ce sujet.
Donc, c'est parti : RA PLAA PLAA PLAA PLAA, on a abaisse la manette de starter, tout en maintenant les gaz , PLAPLAPLAPLAPLAPLAPLAPLA, on fait chauffer.
Vous êtes déjà équipé, de toute façon, kicker sans bottes, on le fait une fois et si on se casse pas la cheville sur un retour d'allumage, on s'explose quand même l'ensemble de la jambe dans l'exercice.
Maintenant, un grand moment, l'ascension, une 6A qu'on vous a dit.
Vous aurez au préalable enlevé la béquille latérale, sinon dés que votre postérieur fera appui, les suspensions s'abaissent et la béquille pousse et fait pencher la moto à droite. Rattrapage de haute volée à prévoir.
La hauteur de selle est grande, mais ce n'est pas un soucis puisque les suspensions se tassent... sauf quand on a un corps svèlte et athlétique comme le mien
( qu'on s'envole à la première rafale de vent en fait )Donc, on passe la jambe on monte dessus et c'est au choix : un pied au sol en ayant la cuisse opposée posée sur la selle, ou les deux pointes de chez pointes ( préfèrez les chaussures italienne homme à la mode, vous aurez un avantage ) au sol, mode petit raz de l'opéra.
Le grand moment c'est pied au sol à gauche, il faut effectuer un petit saut de cabri pour changer de cuisse et poser le pied droit histoire de passer la première.
Donc première, et c'est parti...
La position assise est agréable, un peu comme sur un roadster, mais beaucoup plus haut
.Debout sur les reposes pied, les poignées mériteraient un petit réglage pour tomber pil poil sans trop casser les poignets.Embrayage souple, freinage à deux doigts, pas de choses inhabituelles de ce coté.
Les reposes pieds sont en métal, avec crantage, les bottes acrochent évidément très très bien.
Je suis à l'arrêt au feu avec un scooter. J'en profite pour rebaisser le ralenti, 3/4 de vis en moins. Le jeune se marre, tu m'étonnes, entre mon shoei de route noir visière teintée, mon vieux blouson de cuir de route noir rapé, mon treillis de l'armée kaki taché de peinture et de camboui, mes vieilles bottes de route et une paire de gant cuir avec renfort titane, il doit vraiment se demander d'où je sors
Je le laisse, lui et son traiteau de boutonneux ( ©JBT ) et je poursuis ma route.
Et justement, sur route... c'est souple, c'est le moins que l'on puisse dire et les pneux à crampons n'aident pas à la précision. Oubliez les freinages incisifs, les trajectoires au rasoir, c'est pas son domaine.
Les réflèxes de "pilotage" ne sont pas les mêmes rapport à une moto de route ( évidement ), le placement sur la selle diffère pour les virages, j'y vais molo histoire de prendre en main la bête.
ça pousse de façon assez sympathique, peu de poids, le mono est volontaire et tourner la poignée de gaz entraine un RAAAPLAPLAPLAPLAPLAPLA festif tout autant qu'efficace.
Plein d'essence, redémarrage au kick du premier coup ( c'est là qu'on est heureux d'avoir bien potasser le démarrage à chaud et à froid du bidule ) et direction les chemins.
Le pote prend un vieux Yamaha 80 2temps ( un gros PW, mais avec un moteur vraiment vraiment vif ) et nous voilà partis à l'aventure.
Du plat, bien sec, genre cendrée de stade, on peut rester assis, la moto louvoie un peu fonction de la position sur la selle, la roue arrière part vers l'équerre à chaque accélération généreuse.
ça se controle bien mais rien à faire, quand on glisse sur la route, c'est que la situation est critique, et cette sensation de glisse permanente est à apprivoiser pour un newbie en enduro comme moi.
Oula des creux et des bosses, je freine un peu, je me lève, genoux fléchis, ça passe sans aucun problème comme sur un tapis volant ou presque.
Il faut que je reprenne les réflexes enduristes de l'après midi du RDVA : débrancher le cerveau et faire marcher le PI : Pilotage Instinctif
Des virages à 90, assez secs, hop, on se rapproche du réservoir sur la selle, assis, le pied intérieur au virage au ras du sol, on couche le guidon et gaz BRAAAPLAPLAPLAPLAPLA, ça marche !
Ces chemins de mise en jambe sont parfaits, ils mettent en évidence un moteur coupleux, pas rétif à la reprise en bas régime, un bon freinage et évidement des suspensions prête à tout absorber.
Petite pause avant la première belle montée, pleine de cailloux, tortueuse avec virages et racines. C'est là que le couple du gros mono va être pratique.
"Debout sur les reposes pieds et gaz"
Donc, bien se lancer dans la montée, debout, les genoux fléchis et bien souples, bien penché vers l'avant pour ne pas s'accorcher au guidon pour aller n'importe où.ça se passe pas trop mal, le moteur sauve le piètre pilote que je suis, le régime tombe, je ne peux pas passer de vitesse mais j'ai juste à tourner la poignée pour me redonner la puissance nécessaire. ça ne serait pas le cas avec un 2 temps...
Les roues avant et arrière se désunissent... allez, se faire violence pour garder le regard loin et maintenir la moto dans le chemin - et ne pas sauter directement dans les arbres. ça rebondi, ça se trémousse, ça tréssaute, la roue arrière veut passer devant, la roue avant veut passer derrière, ça glisse-ripe-raccorche, mais...ça...passe !
Et rien ne parait arrêter cette progression, ça grimpe littéralement aux arbres... et oui, un loupé de traj et je me retrouve la roue avant au pied d'un arbre, à droite de la montée.
Vite, on chope l'embrayage pour pas caler ( kicker dans ces conditions, bonjour ), un pied au sol, on laisse un peu redescendre la moto avec le frein avant ( la roue se bloque vu le terrain bien sur ). Départ assis pour faciliter l'accorche du pneu arrière puis debout dés que possible et re GAZ.
Pfiu, arrivé en haut entier, et sans chute, parfait.
Descente maintenant. La descente c'est sympa, si on freine de l'arrière, ça bloque vite et donc l'arrière chasse et la moto devient pas facile à maîtriser, on freine de l'avant, ça bloque vite aussi et on perd l'avant en passant par dessus.
La recette miracle, s'engager avec la bonne vitesse dans la descente, être ( encore et toujours ) bien souple sur les bras et les jambes, bien vers l'arrière. Hopla c'est parti, ça rebondi, ça se trémousse, ça tréssaute, la roue arrière veut passer devant, la roue avant veut passer derrière, ça glisse-ripe-raccorche, mais...ça...passe ! bis
J'utilise un peu le frein moteur pour ralentir, mais quand ça va trop vite ( oui, trop vite en première, je suis une lopette et j'assume ! ), je chope l'embrayage et passe ce foutu virage en devers en descente doucement, mais bien en équilibre.
Le POUM POUM POUM PLAPLAPLA du mono m'accompagne, toujours patient pour son cher débutant.
Montée et descente apprivoisée, on enchaine des petits chemins et de nouveaux franchissements, certains plus techniques, d'autres plus rapides, mais la confiance revient.
Avoir une certaine vitesse permet d'éviter certains éccueils, les suspensions absorbent ( à mon niveau ) tout, le poids supérieur de cet XR rapport à des 2 temps en 125 et 250 ne se fait pas trop sentir ( à voir sur des plus longues balades et pour du franchissement pur - genre un pierrier-lit de rivière au milieu des arbres
)Il commence à faire nuit, on se redirige vers notre point de départ. Je commence à insister un peu sur les freinages pour tester : la suspension avant s'écrase, le train avant reste flou mais finalement le blocage se prévoit / contrôle bien. Itou pour le frein arrière.
Je n'ai pas de compte tour, mais la moto tracte bien en bas, sans s'étouffer, puis prend vraiment son aise à mi régime. Elle aurait besoin d'être un peu débourrée pour qu'elle fonctionne mieux dans la partie haute du compte tour. En l'occurrence, ça sera pas dans les chemins que je le ferai.
Aurevoir et remerciement au pote, je file pour rentrer chez moi.
Maintenant que je connais un peu mieux la moto, je me le sens plutôt supermotard ce retour
Lors d'une journée piste cet été, j'avais eu l'occasion de rouler avec quelques supermot, et j'avais été impressionné, mais aussi un peu perplexe par leur style de pilotage.
S'ils le font, c'est que ça doit pas être mal...
J'ai des pneus crampons et des suspensions souples, mais allons-y, la route que je prends a une petite série de virage que je connais par coeur, ça va être un bon terrain de test.
Gazzz, freinage, on se rapproche du réservoir, pied sorti, on couche tout et RAPLAAAAPLAAAPLAPLAPLPLAPLA, ho..punaise...il y avait moyen de passer dix fois plus fort et niveau sensation, c'est franchement terrible.
Nouveau virage, freinage tardif, sortie de pied, tout coucher, RAPLAPLAPLAPLA rhaaaaalovely.
Encore une fois, un long gauche à 180°, avec un freinage au panneau trop tard, la trajectoire est un peu floue à cause des pneus et des suspat, mais bien calé sur la selle, c'est fantastique.
On est plus haut que sur une moto de route, mais la faible largeur de la moto à son assise, le pied sorti qui effleure le bitume, et le guidon couché donne l'impression d'être vraiment dans la route.
On ne la survole plus comme avec une GT, on ne la parcourt plus comme avec un roadster, on ne l'agresse plus comme avec une sportive, on est dedans
Agréable, facile, et extrêmement amusant ! Une paire de jantes 17 pouces siérait donc parfaitement à cette moto pour devenir une vrai arme dans les virolos.
Retour au bercail, arrêt du moteur, je me désappe et me rend compte que j'ai quand même pris une bonne suée lors du parcours enduristique, ça reste physique.
Quelques sensations en tout terrain sont revenues, tout parait franchissable avec un tel tracteur.
Le moteur a un couple salvateur et se révèle vif au besoin, les suspensions sont parfaites pour mon niveau débutant, le kick est indispensable pour se motiver à ne pas caler dans les côtes et mettre gazzzz
Un vrai petit coup de coeur pour cette bécane basique mais parfaite dans son domaine, et qui permet d'ouvrir d'autres horizons que les routes bitumées.
A bientôt pour le prochain essai !
!!!
