Sans rien vouloir dévoiler de suite, je peux au moins vous dire cela, si une webcam serait en ce moment branchée sur ma tronche, vous pourriez entre-apercevoir le sourire béat qui barre mon visage...
Alors pour vous situer le truc, j'ai lu l'essai de cette "nouvelle" bécane dans Moto Revue la semaine dernière, et, après en avoir parler à mon poto Isamu (lève la main Benje), j'ai contacté la concession du coin pour savoir s'ils l'avaient pas reçu par hasard, voire sortie du carton et immatriculée. Mon tympan gauche, mon préféré, reçut alors un "passe quand tu veux pour l'essayer" de la part de monsieur le vendeur. Donc aujourd'hui, sortant du boulot tôt, j'ai répondu à son invitation.
Lorsque je suis arrivé, j'ai eu un peu de mal à la reconnaître puisqu'elle était à côté de sa petite soeur la CBR 125. Et il faut bien admettre que cette dernière "a tout d'une grande". En plus, histoire de m'embrouiller un peu plus, elles arborent toutes les 2 la teinte Honda blanche-rouge-noire. Mais bon en détaillant un peu, on voit quand même les différences : notamment la taille des pneus et le nombre de disques de frein à l'avant.
Bon je signe les papiers, et lâche un chèque de 1500€ de caution, puis mister Concess' va mettre une cuillerée de pétrole et me la ramène, me la démarre et me souhaite bon vent. Le temps qu'elle chauffe, je la détaille.
Alors, tout d'abord, pour les ceusses qui ne se tiendraient pas au jus des nouveautés, la Honda CBR 600 F est une CB 600 F caRénée, soit une Hornet. On y retrouve tous les mêmes éléments puisque seule la partie avant a été changée. Il y a donc, en partant de son p'tit cul, bah son p'tit cul justement...
Ce dernier a été modifié au vu du nombre de réflexions plus ou moins méchantes sur son prédécesseur et son look bizarre. Celui-ci par contre est une véritable réussite : fin, effilé, il est parfait. Et Honda a trouvé le compromis parfait look-facilité en intégrant d'immenses poignées de maintien de chaque côté pour le passager. Tellement intégrées qu'on ne les voit pas d'ailleurs. Ensuite, bah c'est même selle, mêmes cale-pieds, même moteur.
1er changement : le réservoir. Celui-ci ne propose plus les échancrures sur les côtés de sa donneuse d'organes, mais un nouveau "gaz-tank" plus fin et plus haut. Il y aurait bien quelques litres supplémentaires pour les rouleurs là-dedans que ça ne m'étonnerait pas.
2ème changement : le guidon. Il est constitué de 2 bracelets en position haute.
2ème changement : le bloc compteur. On y trouve l'heure, la température, un totaliseur kilométrique avec ses partiels, une jauge à essence et tout en haut un compte-tours digital, pas hyper lisible. Et TOUJOURS PAS D'INDICATEUR DE RAPPORT ENGAGE !!! Ce dernier point, sur une moto de 2011, est tout de même rageant ! Ça ne doit pas coûté grand chose ce truc !
4ème, non des moindres, et dernier changement : le carénage. Ici, pas de simple plaque-à-numéro ou autre croûte rajoutée à un roadster pour en faire une pseudo routière, ou un tête de fourche qui transforme, par exemple, un joli CBF 600 N en immonde scooter

Pépète étant à température, j'enfourche. Tout d'abord, et vous vous en serez douté : tout est parfaitement à sa place et je trouve la mienne de place tout naturellement. Je suis penché très légèrement en avant, juste ce qu'il faut. Les cale-pieds sont eux aussi parfaitement placés. La position est idéale. Je remarque juste que la selle est un poil large à l'entrejambe, ce qui me gène un peu à l'arrêt. J'enclenche le 1er rapport et décolle.
Tout de suite on retrouve ce qui fait le succès des motos Honda, quel que soit le modèle : une facilité et une rapidité de prise en main hors norme. C'est dingue comme à chaque fois, on a l'impression de retrouver une bonne vieille potesse.
La maniabilité est exemplaire, aidée par l'écartement juste ce qu'il faut des poignées. Elles sont placées de manière à fournir le "bras-de-levier" idéal sans casser les poignets. Des poignées qui ne cassent pas les poignets quoi !

Maintenant, la boite de vitesses. Elle est hyper précise ! Les rapports verrouillent nickel en "léchant" juste l'embrayage. Je m'amuse à passer quelques rapports à la volée : même ressenti, tout est ok.
Le moteur ensuite. Celles et ceux qui connaissent la Hornet ne seront pas dépaysés, parce que, malgré les kilos supplémentaires, la petite envoie du bois ! Ah oui... Petit détail : la machine que je chevauche le casque dans le vent sort de caisse et n'est déniaisée que depuis 34 km. Autant vous dire qu'il m'est interdit de dépasser les 6000 trs/min et de prendre de l'angle comme un cochon (quoique, sur ce dernier point, voir plus après...) Pourtant, les montées en régime de 0 à cette barre fatidique des 6000 trs est jouissive. Ça pousse grave, et encore, j'y vais moelleux. Et quand on sait que sur les roadsters, c'est passé les 7/8000 trs que le coup de pied au dargifle arrive, ça laisse rêveur !
Enfin, le freinage. La machine du jour n'a pas l'ABS. Le frein arrière remplit parfaitement son rôle de ralentisseur, et le frein avant arrête le tout sans surprise. Ça freine fort, même si je trouve que ça manque un peu d'attaque ; c'est un brin spongieux à la prise de la poignée. Et la fourche s'écrase un peu trop à mon goût. En même temps, je descends d'un R1 raide de raide...

Tous ces points techniques pour vous dire que sur le papier, cette petite bécane n'est pas loin de la perfection, et qu'en réalité, elle s'en approche encore plus ! Je m'éclate comme un dingue à son bord ! Le comportement est hyper sain, sans aucune mauvaise surprise. Impossible de se laisser surprendre avec elle : elle est un prolongement du cerveau du pilote.
En circulation, le gabarit profite à sa maniabilité exemplaire, et permet de se jouer des pièges posés ici et là par la DDE, secondée par des caisseux sortant des bureaux. Sur route, la partie cycle associée au moteur et aux freins offrent au choix un mode balade solo/duo tranquille, ou une bonne arsouille moi contre le reste du monde !!!

Cela fait maintenant 30 minutes que je m'éclate littéralement la rate sur ce petit bijou et décide la larme à l'oeil de la ramener à la concession. J'en profiterai pour retester tout : accélération, freinage, slalom, etc... Rien à redire !
Le résumé qui va bien pour les paresseux qui ne lisent que la fin puisque le milieu n'est que remplissage : cette moto est PARFAITE pour ce que pourquoi elle a été créée ! Ça y est, je l'ai dis...
J'ai eu beau chercher, et je cherche encore d'ailleurs, elle n'a aucun défaut. Tout est parfait : le moteur, la partie-cycle, le freinage et les suspensions. On peut attaquer comme un sauvage, on peut se balader en duo, on peut partir en voyage, on peut aller bosser tous les jours avec : elle sait tout faire et le fait parfaitement.
Alors voilà mon constat : que ceux qui cherchent une moto avec le comportement joueur d'un roadster, allié au confort d'une petite voyageuse, sautent le pas. Vous ne trouverez pas mieux ! A son bord on se rend compte que la mode de la montée en cylindrée ne sert à rien. Un 600 bien fait est largement mieux qu'un 750 bas de gamme. Et je pense sincèrement que, même si elle ne joue pas vraiment dans la même cour que notre chère CBF 600, elle la dépasse à tous les niveaux.