Les motardes chap.1
... 1972:
J'ai 17 ans, pas trop de boutons sur le visage, une mob, et je rêve d'une bécane tout terrain (snif!) (Je rêve aussi des filles, soit dit en passant...).
Je trouve alors cet article dans ma revue favorite: Christiane Kibler, 16 ans, fille d'un motociste de Mulhouse, est bien partie pour devenir championne de trial. Je tombe en admiration, respect!


Qu'est-elle devenue par la suite? J'avoue hélas l'ignorer.
Peut-être la même année, cet autre article me réjouit à nouveau. Deux filles d'une vingtaine d'année chacune sont entrées dans le "Circus" des courses motos. Elles n'ont rien de garçons manqués, et leurs démarche et point de vue vis-à-vis de la moto me font chaud au coeur. Tant que l'article découpé figurera longtemps scotché sur mon armoire de chambre de jeune homme...


J'ai toujours souhaité au fond de moi que la gente féminine s'intéresse plus, voire se passionne pour la bécane, et aujourd'hui les choses avancent bien (il suffit de parcourir les forums motos, où de participer aux virées des assoc. et clubs-moto, pour s'en rendre compte ... )
Les vacances d'été s'approchant, je vous invite à faire un tour au soleil (ça changera un peu, pour moi en Normandie en tout cas...)
Toujours en 1972:
Fort-de-France, Martinique (Pas de moustiques tueurs à l'époque, décidément tout change!). Un moto-club vient de se créer. Le réseau routier de l'île est proche de celui de la Corse (L'île fait 80km de long sur 40 de large), avec en plus des dos d'âne et nids-de-poule (ils sont très nature...). Entre 11 heures et 16 heures, l'asphalte est à moitié fondu par le soleil!!!!! (En Martinique cela équivaut à nos routes mouillées par la pluie, côté glisse.)
Le récent moto-club de l'époque n'en a que le nom: c'est plus un rassemblement de motards en fait. On roule sur les belles japonaises de l'époque, dont la superbe 750 Four Honda (elle m'a fait baver celle-là! On en compte une quinzaine sur l'île en ce mois de septembre 1972).
Le casque n'est pas de rigueur, ni l'équipement, il fait si chaud! Et surtout, les femmes ne sont pas les dernières à enfourcher et mener ces sublimes engins.

Les motardes chap.2
Changement de registre. Un jour de 2009, dans un troc près de mon village du Pas-de-Calais, je trouve ce livre d’Anne-France Dautheville, « Une demoiselle sur une moto ». On me le vend 50 centimes!! Je ne suis pas volé

Le titre un peu accrocheur et daté me laisse sceptique au début, mais bon, vu le prix demandé, et quand même les photos de couvertures, je me dis que c'est peut-être pas mal finalement…
Et j’ai trouvé là, en fait, un petit bijou, sans prétention, sorte de carnet d’aventure de la demoiselle en question, qui se lit « comme du beurre », très vite et avec grand intérêt, pour ma part en tout cas.
L’histoire en résumé :
En 1972, Anne-France Dautheville largue son job de publiciste (alors désagréablement draguée par son con de patron notamment), et abandonne pour un temps son appart. parisien et ses deux chats, histoire de faire un peu le vide, en se lançant dans l’aventure du Raid Orion. Il est question de rejoindre à moto Paris à Ispahan, en Iran. A priori, pas de course à l’argent, seulement une histoire de défi personnel pour chacun(e).
A.-France se lance sur une grosse Moto-Guzzi 750 (V7 ?), qui pèse quasiment 6 fois son poids, chargée, avec les pleins ! (300 kg) Elle nous relate dans le livre son trajet, parfois en solitaire, parfois accompagnée de motard(e)s, et nous fait découvrir des aspects insolites de ces pays et populations « sauvages » de l’époque (et aujourd’hui ?), que sont alors la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan… (*Elle poursuit avec quelques compagnons après l’Iran jusqu’au Pakistan)
Tout cela est narré avec humour, même si pourtant son trajet est parsemé de gamelles, dont elle ne peut se tirer seule (relevage de la bécane), et de multiples dangers qui lui font parfois frôler la mort. La belle a du cran, et va imperturbablement jusqu’au bout de son aventure cependant.
J’ai tant aimé ce bouquin que j’ai voulu en savoir plus. Un « coup de Gogol » m’a appris qu’A.-France est par la suite devenue journaliste et écrivain. Elle est d’abord rédactrice-conceptrice en agence (j’ignore de quoi), puis elle va parcourir 4 des 5 continents en solitaire et en moto, avant de se lancer vraiment dans l’écriture. Elle a aussi travaillé pour les magazines « Grands Reportages », « Géo », « Cosmopolitan », « Biba ». Elle a enfin tenu les rubriques « Jardinage » et « Animaux » dans « Version Femme ».
J’ai cherché alors parmi ses bouquins ceux relatifs à ses voyages en moto, et suis tombé sur deux titres :
⟹ « Et j’ai suivi le vent »
Commentaire de blog que l’on trouve sans doute au dos du livre :
« Et j'ai suivi le vent » - Anne-France Dautheville
Flammarion - 1975 "J'étais partie pour l'Alaska, et puis voila, j'ai fait le tour du monde"....en Kawasaki GA5 125 !
( "Vexée des rumeurs jalouses selon lesquelles elle aurait fait le raid Orion en... camion, elle décide de mettre fin aux ragots et effectue le tour du monde en 125 kawasaki".)
- Trouvé aussi sur Amazon, en note de lecteur :
« Ouvrage légendaire que l'on prête, et qu'on ne récupère pas toujours. Sa diffusion n'en n'est que meilleure ! Une référence pour ceux et celles qui veulent goûter le vrai sens du motocyclisme. »
⟹ « La piste de l’or »
-Autre commentaire de blog :
"La belle Anne-France ne désarme pas ! En 1982, elle remet le couvert pour une troisième aventure motocycliste, cette fois-ci sur le continent Latino-Américain, et avec une Honda 250 XLS.
Apparemment une bonne machine aux suspensions plusieurs fois encensées...
Mais le talent d'Anne-France c'est évidemment le regard qu'elle porte sur le monde. Emue, touchée, séduite, elle apprécie l'authenticité des êtres...
... et se révolte aussi contre les coutumes stupides et la résignation séculaire. Contre les états profiteurs, les exploiteurs de toutes sortes, les corrompus...
Et contre les voleurs d'appareils photos !
Bref, il y a là-dedans de la grâce, des coups de gueule, et aussi beaucoup d'humour parce que c'est une sacrée marrante !"
… Autant vous dire que j’ai voulu aussi acheter ces deux bouquins, s’ils existaient encore. Chance, « La piste de l’or » trouvé sur Amazon à 5 €, aussitôt commandé. Par contre, un seul exemplaire de « Et j’ai suivi le vent », à 45 €! Pour celui-là je décidais d'attendre de le trouver... par hasard (je suis coutumier des vide-greniers, et trouve assez souvent de petites choses sympas pour pas bien cher.)
Les deux couvertures ci-dessous:

Je me mis donc à lire « La piste de l'or », et ça m'interpellait à bien des égards, car nous rentrions juste d'un treck de deux semaines avec sac à dos au Pérou, ma chérie et moi, et un petit groupe de français (les alentours de Cuzco, et les sommets environnants, avec aussi la visite au passage de Machu Picchu et du lac Titicaca... )
Voyons certaines photos du livre faites par notre aventurière:






Le temps passe pour tout le monde, et un jour on se rend compte qu'on a vieilli, snif! La fringante demoiselle est elle-aussi devenue une charmante dame d'un certain âge. Ceci ne l'empêche pas de s'investir pour les autres, de lutter contre les inepties. Face aux aberrations de la culture industrielle, Anne-France donne des pistes dans un livre, sorti il y a peu, "L'intelligence du jardinier", livre qui a remporté un prix. Jetez donc un oeil par ici:
http://www.letelegramme.com/local/cotes ... 066485.php
Ce livre, je le lirai aussi certainement un jour. Il était tard pour découvrir cette « écrivaine » (ça existe?), mais comme toujours, mieux vaut tard...
Et puis voilà, chose faite:

Ci-dessus, la couv. recto verso du dernier qui me manquait. J'ai fini par le dénicher à un prix modeste sur le Net, et je l'ai lu dans la foulée. En toute sincérité, j'ai beaucoup d'admiration et d'estime pour cette dame. Elle repart donc l'année suivant le raid Orion, en 73 si je ne fais pas erreur, et sur une 125 Kawa routière, équipée pneus et guidon trail, pour se faire son "p'tit tour du monde". Certaines méchantes langues prétendaient sans savoir, qu'elle avait fait le raid précédent à l'arrière d'un camion, plutôt que sur sa grosse Guzzi... Il n'en fallait pas plus pour la motiver à reprendre le guidon, et en 125, au final, c'est presque plus un exploit. (A l'époque on serrait souvent et perçait un piston vers 15000 km, ce qui m'est d'ailleurs arrivé avec ma Suz TSA...)
Arrivée au Canada, et l'aventure reprend, avec dès le début des tracas avec sa bécane... A nouveau des rencontres, toutes plus originales les unes que les autres. Après le Canada, l'Alaska, puis l'envol pour le Japon, l'Inde, le Pakistan, l'Afghanistan, l'Iran, la Turquie (retour sur ses pas de l'année précédente.) Des aventures quotidiennes insolites, des risques aussi souvent et à nouveau cette année-là. Une bécane qui la laisse tomber plusieurs fois, mais qui "renait toujours de ses cendres"...
Je ne peux pas vous raconter tout encore une fois, le mieux serait que vous le lisiez, si vous pouvez vous le procurer un jour, comme les deux autres.
Je vous mets encore quelques-unes de ses photos commentées pour vous mettre l'eau à la bouche...




Au final, une dame que j'aimerais beaucoup rencontrer aujourd'hui, pour discuter de tout ça avec elle, et lui dire que je regrette bien de ne pas l'avoir connue auparavant, au travers de ses trois livres-carnets de route qui m'ont enchanté. Une remarque quand même, le premier bouquin est celui qui m'a le plus "charmé".
Les motardes chap. 3
Des motardes d'exception on en trouve à toutes les époques, dans tous les pays, et ce serait trop long de les citer toutes.
Une exception, avec par exemple (je cite un poto de la région toulousaine, fan de Royal Enfield, salut Didier, qui me l'a faite découvrir...):"Miss Winifred WELLS, une jeune australienne qui, du 26 décembre 1950 au 16 janvier 1951, a réalisé sur 21 jours un voyage de 5500 miles (8850 km) en effectuant le trajet Perth-Sydney et retour soit une moyenne de plus de 300 miles (482 km) par jour (en comptant les 3 jours de repos) au guidon d’une 350 Bullet G2 !"

Après ce petit tour dans les fifteens, seventies et eighties, revenons un moment, dans notre présent, pour rendre hommage à l'une de nos pilotes de moto tout-terrain émérite, j'ai nommé Ludivine Puy:


Mais il y a aussi notre aventurière Karine Malgrand, qui est revenue de New Delhi au guidon de sa Royal Enfield achetée sur place. Je vous conseille son livre sur cette aventure, qu'elle m'a gentiment dédicacé:



Un lien:
http://www.vintagerides.com/le-voyage-a ... -malgrand/
Et puis surtout, n'oublions pas la petite fée de l'aventure, toujours partie voir ailleurs, Mélusine Mallander, en route pour la Chine je pense, au moment où j'écris ces mots.

Offrez-vous le premier DVD de ses aventures, si vous ne l'avez pas encore, vous ne le regretterez vraiment pas:

Un lien:
http://www.melusinemallender.fr/?page_id=686
Je sais que d'autres motardes dans notre pays, et partout ailleurs, se distinguent aujourd'hui encore par leur talent sur deux roues, dans x disciplines. Hélas il est fait bien peu de bruit dans les médias, voire pas du tout, autour d'elles et c'est un grand dommage.
Soyons donc satisfaits, heureux, de trouver de plus en plus de motardes, roulant dans les clubs et associations, rassemblement de motards, pour nous gratifier de leur charmante compagnie, au guidon de leurs belles machines. Au final vous l'avez compris, j'aime les filles à moto. Et vous?
______________________________________________________________________________________________________________________
Annexe:
Les abonnés, ou acheteurs occasionnels, ou emprunteurs de Moto Magazine l'ont remarqué, la revue rend hommage ce mois-ci à cette grande aventurière à moto que fut Anne-France Dautheville. Un portrait en images lui est réservé, et je ne peux m'empêcher de le retranscrire ici, en complément de ce que vous avez déjà pu lire ci-dessus. Voici la page de couverture:

A l'intérieur ces 6 pages qui résument bien Anne-France et sa philosophie de la vie:






Vous aurez noté que l'un de ses livres sorti en 1975 vient d'être réédité, "Et j'ai suivi le vent". Profitez-en...
Et aussi, la marque Chloé s'est inspirée l'an dernier d'Anne-France et ses tenues motardes des seventies, pour au passage lui rendre hommage. On peut aussi de ce fait trouver sur le web cette petite vidéo très évocatrice de sa vie d'aventure:
https://www.youtube.com/watch?v=NplLl8NtFGM
______________________________________________________________________________________________________________________
Annexe 2:
Mon idée est que lorsque l'on veut vraiment quelque chose, le destin aidant un peu, et le temps passant, ce quelque chose finit bien par arriver un jour...
Et... c'est ce qui vient de se produire pour moi.
Il y a peu je mettais une annexe au topic sur les motardes, concernant Anne-France Dautheville, bien dans l'air du temps actuellement, avec le scan des pages consacrées à l'héroïne des seventies par Moto-magazine. On parle beaucoup d'elle notamment sur Paris en ce moment, et Anne-France continue de donner des petites conférences en plusieurs endroits, à l'occasion de la réédition de son livre, "Et j'ai suivi le vent".
Et là je dois un grand merci à Nathalie, grâce à qui les choses se sont mises en place. Nath annonçait après mon update qu'elle allait se rendre à une dédicace du livre d'Anne-France, jeudi dernier 8 juin à 18h à Versailles, à la boutique d'équipement pour motardes, Lady Zigzag.
Je n'ai fait ni une ni deux: plongée chez mon ami gogol pour me renseigner sur le magasin Lady Zigzag (après avoir cependant depuis quelque temps tenté un rapprochement de l'aventurière par l'intermédiaire de Moto-magazine, mais sans succès... car pas de réponse d'Anne-France)
Arrivé sur le site Facebook du magasin, je réalise qu'un lien vers plus de détails sur Anne-France, avait été posté par le magasin, et que cela menait à... mon topic sur les motardes, posté précédemment sur un forum normand que je fréquentais! De là j'entre en contact avec Joëlle et Philippe qui tiennent la boutique d'accessoires et vêtements, et les choses se sont tout de suite enchaînées. J'ai très vite été invité à venir, et ces deux charmantes personnes m'ont même hébergé chez elles le jeudi soir!...


J'ai donc enfin pu rencontrer Anne-France Dautheville (mon souhait depuis 2010), mais ce n'est pas tout: Mélusine Mallender était là aussi, en sparring-partner! Que du bonheur!
Et..... toutes les deux se rencontraient pour la première fois! J'ai pu discuter avec ces deux héroïnes (qu'elles sont à mes yeux), et j'ai vécu une soirée formidable, ai découvert aussi que Mrs Dautheville est une rigolote, qui ne se prend pas au sérieux du tout, et que Mélusine est d'une gentillesse formidable, et d'une simplicité extraordinaire vis-à-vis de tout un chacun. (ce dont je ne doutais pas d'ailleurs)
Quelques tofs sur la soirée:












Ici, en compagnie de Joëlle et Philippe.
(Je recommande fortement aux motardes d'île-de-France qui ne les connaîtraient pas encore (c'est possible?!), d'entrer au magasin les saluer. Elles craqueront sans doute aussi sur des articles de qualité, et qu'on ne trouve pas forcément ailleurs.)


J'étais venu avec mon livre vintage de 1975, qu'Anne-France m'a donc dédicacé... 42 ans après sa parution!!!!! Il n'est jamais trop tard pour bien faire. (Je lui ai quand même acheté celui réédité, de poche celui-là, et sans les photos. L'ancien a du bon.)

Et puis Mélusine a bien vu que je n'étais pas taillé pour traverser des déserts (surtout en CBF1000!), alors elle m'a fait une dédicace de son DVD pleine d'humour et... satirique (non?) Mais je ne lui en veux pas, ça me fait bien marrer.


C'était vraiment une belle soirée, avec de belles personnes.
*Quand prendrai-je donc le thé en compagnie d'Anne-France? Lol. Et, le saviez-vous, elle aime l'aviation, et a même tenu le manche à balai un jour, un petit moment, comme moi-même... Aaahh!


