Cette question je me la suis déjà posé hier matin, sur la Francilienne, engoncé dans ma tenue de pluie, remontant les files de voiture sous le déluge malgré les valises.
Arrivé chez Denis, la pluie s’est un peu calmée et un café plus tard nous voilà partis, autoroute jusqu’au Morvan pour ensuite rejoindre le Creusot.
La météo nous laisse un peu tranquille malgré quelques averses, dire que la semaine dernière il faisait grand beau pendant qu’on était au bureau

Les petites routes viroleuses nous redonnent la banane, et nous arrivons en fin d’après midi au relais motard Morvan Séjours à Antully.
Celui -ci est vraiment très sympa : Une grange pour les motos équipée de tout ce qu’il faut pour chouchouter nos belles, de la béquille d’atelier à l’anti buée ou au nettoyant à frein, rien ne manque.
Une chambre chaude, propre et confortable, des revues de motos, un accueil sympathique, nous sommes sous le charme et les prix sont très doux.
Nous décidons de pousser jusqu’au circuit Vaison piste pour repérer le chemin, les averses reprennent.
La De Radiguez Riders School est déjà en cours d’installation, on fait un petit tour avant d’aller manger, toujours sous la pluie, et de compléter nos pleins d’essence.
Le lendemain il pleut toujours quand nous arrivons au circuit.
Il y a déjà du monde, du café, des croissants, des sourires.
Les formalités administratives sont vite réglées grâce à une organisation bien huilée.
On enfile les dorsales et les combinaisons louées sur place, nous avons tout deux investi dans des bottes et des gants adaptés.
Démontage des valises de Miss Cbf, les supports restent en place , ainsi que la bulle haute et la selle confort (et le U sous la selle et les outils, j’avais oublié…).
Démontage des rétros remplacés par des rondelles caoutchouc et masquage des phares au scotch à peinture, descente de la pression à 2,1 bar, une fois le No collé sur la bulle la préparation est terminée.
Il faut dire que nous avons tout deux des plaquettes et du liquide de frein neuf, j’ai aussi changé les roulements de direction et les joints de la fourche par précaution.
Petit briefing de présentation, nos instructeurs ont de jolis palmarès, on parle consignes de sécurité, deux médecins nous accompagnent, ainsi qu’un mécano.
Nous avons été répartis en deux groupes, le premier, plus aguerri, entre en piste tandis que l’instructeur nous parle pneumatiques.
Puis nous enfourchons nos motos et attendons que le safety car ait fini son inspection.
Qu’est ce que je fous là ?
J’ai une boule au ventre, la peur de casser ma belle, de percuter une autre moto, de devoir rentrer à Paris sur une remorque…
Clin d’œil du commissaire de piste qui a refermé ma combi et vérifié mon équipement, première, c’est parti.
Deux tours de chauffe et de reconnaissance, tranquillement puis j’accélère un peu.
Malgré la pluie le revêtement semble ne pas être glissant, c’est donc cela qu’on appelle le grip.
Au fil des tours on mémorise le parcours, repère les cônes qui marquent les entrées de virages et les points de corde.
La pluie s’attenue, il y a des flaques, voici déjà le drapeau à damier.
Retour au stand et débriefing, Christian notre instructeur explique, conseille, toujours de manière positive.
Cours sur le freinage et on repart en piste, la pluie alterne avec les éclaircies.
Les séances de roulage, les exercices, les cours et débriefings s’enchainent : freins, pneus, suspensions, position, trajectoires, … c’est très complet.
Christian, notre instructeur explique, montre, note, avec un calme, une gentillesse et une patience d’ange.
Il répond à toutes nos questions et du coup on hésite pas à en poser.
28 ans après mon permis je découvre comment fonctionne une moto.
En fin de matinée deux camarades font une glissade dans le même tour, une panigale se retrouve avec un demi guidon en moins, une z750 avec le carter moteur percé.
Le demi guidon sera trouvé rapidement et la Ducati reprendra la route dans l’après midi, le carter de la Kawasaki sera ressoudé à la casse moto du coin et repartira le lendemain matin.
Cela refroidit tout le monde et modère nos excès de confiance

Après le déjeuner arrive un exercice flippant et super intéressant : Sans frein ni boite.
Il faut rouler en troisième et ne pas toucher au sélecteur ni aux freins, inscrire la moto dans la courbe en étant mobile sur la moto et surtout garder la vitesse de passage, le genre d’exercice impossible à faire sur une simple journée de roulage.
Denis se fait une sortie de piste heureusement sans gravité, quand à moi je finis pas choper la poignée dans un virage, en mode lopette. J’avoue avoir eu peur pendant cet exercice, pas facile de désapprendre.
Par contre lorsque l’on reprend pour les roulages suivants le rythme n’est plus le même.
La piste sèche, on commence à vraiment s’amuser et à se tirer la bourre à notre modeste rythme.
Lors de la dernière séance de la journée, alors que je pense freins, trajectoire, position, j’entends un bruit et sens quelque chose au niveau du genou droit…
Ca y est je fais partie de ceux qui posent le genou !
C’est idiot, puéril, mais je crie de joie sous mon casque.
Qu'est ce que je fous là?
Je m'éclate, voilà ce que je fais là!
A chaque nouveau roulage je prends de plus en plus de plaisir et je vois bien qu’il en est de même pour mes camarades de jeu.
Fin de cette première journée, Christian nous emmène faire une reconnaissance du circuit à pied, nous réinstallons les rétroviseurs sur les motos et enlevons le scotch des phares avant d’aller manger tous ensemble.
Bien sûr on parle beaucoup moto mais pas uniquement, notre passion commune est le lien entre des personnes d’horizons bien différents.
Après cet agréable moment il nous faut retourner au gite sous une pluie battante dans le noir sur les routes de campagne.
Nous voici le lendemain, démontage des sacoches, des rétroviseurs et mise en place du scotch sont maintenant une routine.
Nos corps protestent d’avoir été sollicités la veille, et après le café et les croissants une séance d’échauffement est bienvenue.
Et c’est reparti : cours, roulages, briefings s’enchainent et l’effort physique est intense.
J'ai pris l'option duo run: en fin de matinée un moniteur me suit avec sa moto et me donne des conseils directement dans les oreillettes, me montre les trajectoires, et cerise sur le gâteau filme le tout.
La vidéo est implacable : Alors que je commençais à avoir l’impression de pencher, je m’aperçois que ma position évoque plus un gendarme lors du défilé du 14 juillet que celle de Marquez au Grand Prix d’Aragon.
La pluie nous accorde un répit et on en profite pour rouler beaucoup plus en raccourcissant les briefings.
Denis enchaine un roulage, le duo run et un autre roulage, soient plus de 45 minutes en piste.
Il franchit un palier et me colle 4 secondes au tour en rabotant consciencieusement ses sliders alors que les miens se contenteront d'une touchette de temps en temps

Cette après midi est un pur kiff, on commence à se tirer la bourre et les débriefings ne dépareraient pas dans un album du Joe Bar Team (T’attaquais toi ?

Les meilleures choses ont une fin et il faut bien à un moment arrêter et revenir sur terre

Soulagé quand même de n'avoir rien cassé.
Remontage des accessoires, mise en pression des pneus, remise de diplômes, entraide pour charger les motos sur les remorques ou dans les camions pour ceux qui sont équipés et il est temps de se dire au revoir.
Nous rentrons au gîte et la douche n’est pas un luxe, nous bricolons le sélecteur de la Ducati qui n’a pas apprécié d’être utilisé pour jardiner.
Le repas est magnifique : melon du jardin, courge du jardin, fromages locaux et une bouteille de Bourgogne puisque l’on ne roule pas après. Je recommande ce gite.
Après une nuit réparatrice le retour se fera pratiquement au sec, le Morvan nous gratifiant même de quelques rayons de soleil pour mettre en valeur ses petits châteaux.
Ces quatre jours dont deux sur circuit auront été un grand moment de bonheur

Ma CBF600 m’a impressionné, je n’aurai jamais imaginé qu’elle me donnerai autant de plaisir

Le comportement des pilot road 4 sous la pluie est bluffant, leur bande de peur a pratiquement disparue.
D’ailleurs cette pluie a été utile, elle nous a aidé à progresser.
Un grand merci à la DDRS pour la qualité de son organisation et son professionnalisme,
pour cette ambiance sympathique, pour nous avoir transmis tant de choses en si peu de temps, et nous avoir créé une nouvelle addiction.
Un grand merci à toi Denis, mon ami, de m’avoir accompagné.
