Surprise il y a une quinzaine de jours, je trouve dans ma boite aux lettres une invitation à un show de présentation et d'essais de la gamme BMW et notamment des K1600 GT et GTL six cylindres les 19 et 20 mars à l'aérodrome de Cerny-La Ferté Alais.
Vous pensez bien que je n'allais pas manquer cette occasion. Donc samedi matin chose dite chose faite, par un froid glacial je me dirige vers La Ferté Alais. A mon arrivée il y a déjà pas mal de monde, je vais donc vite m'inscrire pour un essai de celle qui m'intéresse plus particulièrement, la K 1600 GT. Six personnes se sont inscrites avant moi, donc pas d'espoir de passer avant l'après-midi. Bon, soit, rendez-vous est pris à partir de 15h.

15h, je reviens donc sur les lieux, il y a encore deux tours d'essais avant le mien, soit environ 1h à 1h30 d'attente. Qu'à cela ne tienne, je détaille l'ensemble de la gamme, discute avec des BMistes convaincus et d'autres, vois arriver une superbe Z 900 Kawasaki des années 70, dans un état collection, une merveille, assiste au départ des deux groupes précédant le mien. Et puis voilà enfin que j'entends mon nom, c'est mon tour, on me donne les clés du monstre et fier comme Artaban je me dirige vers la belle qui brille de tous ses feux sous le regard envieux de motards qui tournent autour. Bé oui, les amis, il fallait vous inscrire aussi

Le principe de l'essai se fait sur le modèle de ceux des Honda Days, on part en groupe avec des encadrants et même des motards de la police.
Je m'installe donc au guidon de la K 1600 GT et ô surprise, elle est beaucoup moins monstrueuse que ma GTR : je pose les pieds bien à plat, la selle et le réservoir sont plus fins. Le tableau de bord est curieux et asymétrique, moderne mais pas très beau. Enfin le principal est qu'il donne les indications que l'on attend de lui. Le guidon est idéalement placé, enfin pour moi car je suis moins en appui qu'avec celui de ma GTR, et comporte une belle collection de boutons divers, dont un anneau cranté sur la poignée gauche qui sert à beaucoup de choses : régler la radio, la dureté des suspensions, etc, via un sélecteur de fonctions. J'avoue que je n'ai pas eu le temps de détailler l'ensemble, il était temps de partir.

Contact, vérification du point mort, repliage de la béquille latérale, démarreur, petit coup d'accélérateur : Waouh, ce son ! Et puis quelle absence d'inertie. Un bruit rageur m'indique que la belle piaffe d'impatience. La poignée électronique d'accélérateur n'a aucune garde, c'est surprenant au début. Bon, je vais devoir me mettre en ligne pour le départ. Je débraye, première : Tiens c'est tout doux, un petit clic, et moi qui croyait que BM c'était rugueux ! J'embraye doucement et viens me ranger à côté de mes coreligionnaires essayeurs, je trouve tout de suite mes marques, cette moto à faible vitesse se manie comme une CBF, bien mieux qu'une GTR, malgré un poids comparable. Je pense que cela tient à la fois à la position de conduite et à la finesse de la selle et du réservoir. Bref je suis parfaitement à l'aise.
Ça y est, la troupe démarre. Premiers virages de la descente de l'aérodrome de Cerny : la moto engage facilement mais je trouve les suspensions réglées un poil souple (il faut dire que celles de ma GTR sont en position tape cul, mais cela me convient !). Feu rouge, embranchement à droite et gaz : c'est qu'ils attaquent les meneurs, diable il faut les suivre. Première, seconde, troisième, quatrième, 60, 90, 120, 160, je suis, la moto tient parfaitement son cap, sur un rail, et le bruit, ce bruit, que dis-je, cette mélodie, est un bonheur à elle toute seule. On rétrograde en donnant un petit coup de gaz rien que pour se faire plaisir. Montée et descente des rapports se font dans un velours de bon aloi, décidément elle a tout d'une japonaise cette teutonne, quelle douceur et quelle précision ! Bon on arrive dans un bourg, à faible vitesse la moto se montre souple, aucun à-coup, mais je passe mes vitesses au feeling, ce que la souplesse de la moto incite d'ailleurs à faire, et ne vérifie pas sur quel rapport je suis, trop occupé à être attentif à mon environnement et aux autres usagers plutôt qu'à l'indicateur de rapport et au régime moteur.
Ah flûte, un feu rouge, je perds le peloton. Pas grave, je les rattraperai. Feu vert, je repars, traverse ce qui reste du bourg à allure légale, puis me revoici sur la départementale. Mais où sont-ils les autres ? Ah, là bas, au loin, bon allez, il faut les rattraper, je monte les rapports, 6ème , 200 km/h au compteur sur cette petite route bosselée, la moto ne bronche pas, elle suit son rail et moi, bulle relevée, je suis comme un sénateur, tranquille et pas du tout stressé : un vrai pousse au crime que cette BMW qui vous amène à des vitesses à se faire pulvériser son permis en toute décontraction, et avec un bruit divin qui plus est ! Mais les autres essayeurs doivent aussi s'en donner à cœur joie, je ne parviens pas à les rattraper ces malades car en traversant de nouveaux villages je ralentis, mais pas eux !
Je termine donc le parcours avec deux autres essayeurs en regagnant Cerny par un chemin qui n'était pas celui emprunté par le reste du groupe, ce qui n'est pas grave car nous arrivons tous en même temps. L'heure est venue de rendre cette superbe moto.
Un constat : ce sera sûrement ma prochaine. Quand, je ne sais pas, le temps d'user un peu ma GTR, de faire des économies et d'attendre que le bridage soit aboli. Car même si le bridage français n'est pas mal fait, une telle mécanique doit pouvoir s'exprimer dans toute sa splendeur. Si elle était sortie un an plus tôt et si je l'avais essayée, je crois que j'aurais craqué malgré la différence de tarif avec ma GTR : c'est qu'elle fait plus de 20.000 euros tout de même, mais très franchement cela n'a absolument rien de commun, c'est un autre monde. Et ce n'est pas comparable du tout non plus avec une Goldwing, l'autre 6 cylindres de la production. La BMW est une moto, pas un paquebot, et même si j'apprécie la Gold, très franchement cette K1600GT est un condensé de tout ce que j'aime et recherche dans la moto, un subtil cocktail de sportive et de routière, une vraie réussite qui me fait oublier toutes les GT que j'ai déjà essayées, Gold, Pan Euro, FJR, Deauville, GTR - enfin non pas la GTR que je vais quand même devoir garder un petit peu

Si vous en avez l'occasion, allez l'essayer, vous m'en direz des nouvelles

