Vous me direz : "Ola mon bon ami, mais pourquoye donc t'en vas-tu tester un brêlon pareil, toi qui pilote au quotidien un foudre de guerre, un avion de chasse, un missile sol-sol, un tueur de permis ?" Et bien, j'ai récemment fait l'acquisition d'une petite amie. Et suite à un petit périple de 200km avec toutes les douleurs que vous pouvez imaginer pendant les 2 jours qui ont suivis, je me suis senti obligé de lui prouver qu'il existait aussi des machines capables d'accueillir 2 fessiers sans les torturer ; sans parler des dos, des cuisses et des poignets.
Donc oui, j'ai essayé la fameuse CB 1300 SA, en la personne d'une occasion de 2007, arborant fièrement 20200km et proposée à 6800€. Comme son nom l'indique ("SA"), cette dernière possède le tête de fourche "70's staïle" et l'ABS non couplé. Elle est aussi équipée d'un pare-carters et d'une selle perso. On retrouve par ailleurs une béquille centrale et 2 vide-poches dans le carénage, dont 1 qui ferme à clé. Bien entendu, la finition est aux standards Honda, c'est-à-dire, "pas dégueux"

Par contre, malgré son faible kilométrage, je remarque que les commodos sont usés, et que le cale-pied conducteur gauche est en train de perdre sa garniture en caoutchouc.
Je chevauche donc la bête, un brin intimidé par le gabarit, m'attendant à galérer aux manoeuvres à l'arrêt. Et bien pas du tout : pépète est parfaitement équilibrée. La redresser de sa béquille latérale n'est qu'une formalité. La selle confort aidée par la faible hauteur de l'assise d'origine me laisse poser mes 2 pieds à terre malgré mon petit 1m70. Le guidon tombe parfaitement dans les mains, et les commandes sont toutes à leurs places. Les jambes sont elles pliées juste ce qu'il faut. Je suis donc assis droit, parfaitement installé, les bras juste un peu trop tendus à cause de la longueur du réservoir.
Le tableau de bord maintenant. Tout d'abord les rétros : top. Ensuite je trouve un tachymètre et un compte-tours, les 2 analogiques. Il y a bien sûr un odomètre et des trips partiels. Sur le petit cadran numérique, je trouve une montre et une jauge à essence. Je n'ai pas trifouillé les boutons pour voir ce qu'il y avait d'autre...
Je tourne la clé trop longue et déjà un peu tordue, contact, et le 1300 s'éveille calmement, presque sans bruit. Il faut dire qu'avec le bazooka disgracieux qui lui sert de silencieux, je ne risque pas d'entendre hurler le moulin ! Débrayage, 1ère et zouuuuuu...
La première chose qui frappe, à part les moustiques sur ma visière, c'est l'extrême légèreté de l'ensemble. L'équilibre parfait, secondé par le boudin de 180 à l'arrière crééent une maniabilité digne d'un vélo ! On lit partout, en parlant d'une moto, que c'est un vélo. Mais là, je vous promets que c'est réellement le cas : je n'ai jamais chevauché une machine aussi facile à placer. Bien entendu, le grand guidon, et le fait de descendre d'une sportive jouent un peu. Mais c'est quand même bluffant. Surtout que, ne l'oublions pas, il s'agit bien d'une 1300cm3 ; une machine pesant 265 kg tous pleins faits !
Donc je roule, je slalome... Par compte, il faut faire attention parce que, à cause de son poids bien entendu, elle a tendance à tomber dans le virage à faible vitesse. J'accélere pour atteindre 60 km et pile comme un âne pour tester l'ABS. Génial ! Ca pile trèèèèès fort sans le moindre à-coup dans la poignée (idem lors du test avec le frein arrière). Je repars, les rapports passent comme dans du beurre (débile cette expression...) J'arrive à rond-point, prend de l'angle juste en y pensant, à tel point que je m'attends à ce que le cale-pied frotte, mais non. Je continue en m'enquillant une 4 voies rapide, histoire de voir si le couple annoncé étire bien les bras comme je le pense. Et bien non...

Bon, demi-tour, histoire de récupérer ma demoiselle.
Alors, déjà, elle est bien contente de ne pas avoir à lever la jambe comme une girl du Crazy-Horse pour s'asseoir. Ensuite, elle apprécie d'être assise normalement, bien droite. Et enfin, elle adore la poignée de maintien à aggriper d'une main, l'autre me ceinturant.
On repart. Malgré le poids supérieur, la maniabilté reste la même : extrême. Juste il faut faire encore un peu plus attention lors des manoeuvres à basse vitesse pour ne faire tomber la moto.
Je décide de passer coucouter une amie, et donc de me taper de la circulation. No problemo de ce côté là, puisque la légèreté de l'équipage en mouvement et la faible hauteur de l'assise font de cet exercice une formalité. Par contre, il faut tout de suite oublier les remontées de files à cause encore une fois de cette excroissance immonde à l'arrière droite : j'ai nommé le silencieux. Mis-à-part cela, tout n'est que luxe, calme et volupté. On passe devant chez notre potesse, micro-demi-tour grâce au rayon de braquage de dingue, coucou, et retour vers le marchand de bécane. On se refait un p'tit coup de voie rapide juste pour voir : rien de plus à ajouter par rapport au solo : ça pousse gentiment mais surement.
Arrivée chez le marchand, restitution des clés, récupération de permis et "donnage" de ressentis. Tout d'abord, galanterie oblige, laissons la parole à mademoiselle :
"Je suis trop bien assise, la selle confort est top et la poignée est hyper rassurante ! J'irais bien au bord de la mer sans escale evec ! Par contre, quand elle penche, elle penche ! J'ai à chaque fois l'impression qu'on va tomber..."
My turn :
"Super bécane hyper bien finie et parfaite pour ce pourquoi elle a été faite : enquiller de la borne. Juste niveau sensations, j'ai l'impression de chevaucher un scooter. Tout est trop linéaire. Je m'attendais à limite un dragster à l'accelération, mais rien, que dalle, nada. Décu ? Non. C'est quand même un peu à ça que je m'attendais. Malgré cela, je trouve cette machine super belle et valorisante. Et c'est clair que je me vois parfaitement faire un tour de France avec, sans la moindre douleur à chaque étape. Maintenant, je trouve que c'est une moto de papa, ce que je ne suis pas, et qui ferait une superbe alternative aux BMW. Mais ce n'est pas (encore) pour moi.
J'ai d'ors-et-déjà pris RDV pour essayer une Yamaha 1300 XJR pour voir s'il y a une différence ; je vous raconterai
