Essai de la Yamaha FJR 1300 par Al
Posté : mer. 7 avr. 2010 15:16
Je fais donc les 23 km qui me séparent de ce nouveau paradis du motard, arrive chez Essonne-Moto et gare ma CBF juste à côté d’une splendide FJR noire flambant neuve. Serait-ce celle-là qu’ils vont me proposer d'essayer ? Miam !
J’entre dans la concession, je ne la connaissais pas, fréquentant plutôt celles de la Ville du Bois et de Montlhéry, à portée d’un jet de pierre de chez moi. Et bien ils en ont des motos ! Pratiquement toute la gamme Yamaha est là, c’est beau ! Magnifique même ! Le patron est au téléphone. En attendant qu’il soit disponible, je tourne entre les motos en rêvant…

Bon c’est à moi. Je remplis le formulaire, le patron fait une photocopie de mon permis, on papote un petit peu sur nos conceptions respectives de la moto et il me conduit vers la bête, c’est bien la noire que j’avais vue

Il met la moto en route et me dit "à dans une demi-heure, ¾ d’heure" puis retourne à ses occupations.
Elle n’est pas monstrueuse, cette FJR, nettement moins grosse que la Pan Euro et je ne parle pas de la Gold, toutes deux essayées au Honda Days.
Je l’enfourche et me sens tout de suite à l’aise. La moto n’est pas légère, certes, mais elle n’est pas intimidante. Ah tiens, je ne peux pas mettre mes deux pieds à plat, comme sur la CBF. Je ne suis pas sur la pointe des pieds, mais le talon ne touche pas. Peut-être la selle a t'elle plusieurs réglages. Je débraye (ce n’est pas l’automatique, heureusement), et je passe la première. Un petit clic doux me répond. Qui est-ce qui disait que le cardan rendait le passage des vitesses plutôt dur ? J’embraye et la moto démarre, doucement, en souplesse. Un nouveau bon point.
La concession est au bord de la N20, il va donc falloir que je m’insère dans le flot de la circulation, ce qui se fait sans mal, la moto répond immédiatement, dans un ronronnement discret. Je ne vais certes pas rester sur cette artère sans charme et bondée. A Etrechy, première sortie à droite, direction les petites routes de l’Essonne, Auvers Saint Georges, Villeneuve sur Auvers, Boissy le Cutté…
La position de conduite est très agréable, un chouïa plus en appui sur les poignets que sur ma CBF et les jambes un tantinet plus repliées. Bref une position légèrement plus sportive, mais très légèrement. Et tout cas plus sportive que sur la Pan Euro. Compteur et compte-tour sont analogiques, et un cadran digital à droite présente la réserve d'essence, la température moteur, la température extérieure, les totalisateurs et partiels et le rapport engagé.
On dit que la CBF est linéaire, mais ce n’est rien à côté de cette moto. Un vrai moteur électrique. Certains critiquent, mais moi j'adore. Je ne sais pas si c’est dû à la bulle (c’est une bulle haute, pas celle d’origine) que j’ai mise en position haute, ou du carénage qui protège bien (mon pantalon ne flotte pas au vent comme avec ma CBF, malgré un carénage réglé en position « étroite » - il y a deux positions) mais on ne se rend pas compte des accélérations et encore moins de la vitesse que l’on atteint. Un piège à permis cet engin ! Heureusement que ce sont des petites routes et que la maréchaussée n’est pas aux aguets parce que, hein ? quoi ? je suis à 140 ? Non sans blague je croyais être à 90 ! En plus ces traitres de chez Yamaha ont orienté le compteur de façon à ce que les vitesses légales soient tout en bas du cadran. De plus les chiffres sont bien plus petits que sur la mienne et je n'ai pas le coup d'oeil de l'habitué qui permet de voir immédiatement la vitesse ! Aïe virage serré en vue, bon, freinage appuyé : ouah, ça c’est du freinage, ça fait passer les doubles pistons de ma CBF pour de pauvres patins de freins de vélo ! Rétrogradage, les vitesses passent comme dans du beurre, on dirait une boite Honda. La moto s’inscrit dans le virage sans broncher, sur un rail malgré le revêtement bosselé de ces petites routes ! Mmmhh que du bon, je ne compte plus les bons points ! La moto répond vigoureusement aux sollicitations de la poignée droite, mais je n’ose pas monter trop haut en régime, la moto est neuve. En revanche vient une ligne droite. Allez, une folie, allons y pour voir : 130, 150, 180 en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la moto ne bouge absolument pas malgré les bosses, la tenue de route est royale, l’ensemble cadre/supensions est parfaitement accordé, bref un bonheur. Avec un tel engin, on a des envies d’aligner les bornes, c’est un vrai TGV.
Mais ce n’est pas tout ça, il est 10h20, il va falloir rentrer. Je passe par le centre ville d’Etampes pour tester le comportement de la belle aux allures très réduites, dans la circulation et les petites rues. Bluffant, aucun problème, le poids de la moto se fait totalement oublier, la souplesse du moteur, la douceur de l'embrayage et de son sélecteur la rendent aussi facile à manier entre les feux rouges et les stop que ma CBF.
Maintenant il est vraiment l’heure, je reviens à Morigny-Champigny, range la moto à côté de la mienne, descends, entre dans la concession et tends la clé au concessionnaire en me disant, dans un soupir, qu’il me reverrait certainement très bientôt.
Car cette moto présente exactement les qualités que je recherche, tenue de route, confort, performances (accélérations, couple, souplesse, mais aussi freinage), maniabilité, homogénéité, non-monstruosité. C’est un bonheur et elle enterre sans vergogne tout ce que j’ai essayé jusqu’à présent !
Je remonte sur ma CBF et malgré la maniabilité de la FJR qui m’a mis en confiance, j’ai quand même l’impression de reprendre un vélo. Et puis elle accélère quand même drôlement bien et je les sens, ces accélérations. Mais c’est sûr que pour un voyage au long cours la FJR c’est vraiment « autre chose ».
Cet essai m’a permis de me rendre compte que pour une GT, il faut de la cylindrée et de la puissance. Non pour taper une bourre, c'est totalement dépassé, mais pour le coffre, le couple, l'endurance et pour ne pas faire souffrir la mécanique. Rouler à une allure de sénateur avec cette moto est aussi plaisant que savoir que l’on peut rouler en toute sécurité à 180 sur les petites départementales bosselées (je ne l’ai fait que pour le test, ce n’est pas mon quotidien, mais je voulais savoir comment réagissait cette FJR).
Une chose est sûre désormais : lorsque je changerai ce sera pour une moto de cet acabit. Je sais, je sens que malgré toutes ses qualités, avec une Deauville je m’ennuierais.