Donc rendez vous pris pour le début d’après midi, je vais à la concession. Il faut chaud, quelques petits nuages et un peu de vent. Bien bien.
Bon accueuil chez Kawa.
J’approche la bête, elle a un look … euh comment dire… particulier. La face avant n’a rien de commun avec la production habituelle. Certes ça lui fait une tête d’alien mais bon, c’est histoire de goûts.
Tiens, mais c’est pas des roues de trail ça. Des pneus route. Elle est assez ramassée, plutôt courte.
Un tour rapide de la moto me montre qu’il n’y a pas de béquille centrale et qu’il n’y en aura pas, le pot est sous la machine. Donc ce sera béquille d’atelier (environ 100€) ou rien. Je dé-béquille la latérale. Elle reviens assez en arrière, la remettre n’est pas super évident, mais on y arrive.
Il y a une fourche inversée.
La selle sera un plaisir pour pas mal d’entre vous qui n’aimez pas celle de la CBF, on dirait une selle Gel. Par contre, vu la hauteur des repose pieds arrière je me demande si un passager plutôt grand sera à l’aise…
La finition paraît correcte, bien que l’on voit quelques fils au niveau du fond de carénage vers l’optique.
Bon, allez, le vendeur m’explique comment ça marche : comme une moto normale (enfin, japonaise quoi

Hormis les voyants habituels, le tableau de bord est en deux parties. Une partie compte tour à aiguille et une partie a affichage LCD où on retrouve alternativement par pression sur un bouton, odomètre, 2 trips et une horloge. une jauge à essence est aussi là, au dessus des gros chiffres de la vitesse. Quand on arrive en réserve un affichage FUEL arrive pour vous prévenir. C’est assez complet tout ça, il ne manque que la température.
La moto démarre et on entends un espèce de « poum poum poum » très sympathique au premier abord.
Je monte sur la moto, ouhla mais c’est haut quand même… Avec mon mètre 87 j’ai les pieds à plat mais les moins d’1,70 m seront à la peine. Ca change du CBF1000. Je ne me fait pas trop d’illusions, le moteur va me changer aussi, mais ne vendons pas la peau de l’ours…
Je pars … oh oui, c’est haut … grand guidon, j’ai l’impression que c’est pas stable… En fait la moto est pas mal sur l’avant et on se retrouve avec une direction très vive. Je suis bien droit. Je règle les rétros mais je n’ai pas un super champ de vision. Je ne vois pas derrière moi par exemple. On sais jamais des fois que le petit moteur soit anémique ou qu'il y ait une marche arrière

Je prends un peu de vitesse, tout va bien, c’est stable, les rapports montent tranquillement, on sent que le moulin peut être vif.
Ca freine plutôt bien sans trop plonger. Par contre la boîte est assez rêche, pas agréable par rapport à celle du 1000.
Bon je fais chauffer la mécanique en ville jusqu’à la A4.
La voie d’accélération est là ! Je tourne la poignée et Waaahouuu le moulin nous propulse vigoureusement … trop d’ailleurs, je coupe les gaz pour m’insérer tranquillement…
Oh, ben y’a plus de frein moteur que sur le 4 cylindres, y’a pas de doute.
Une fois sur la gauche on remet ça. Et ça réponds instantanément. A partir de 4000 tours elle accélère très vigoureusement. Elle peut continuer jusqu'à 8 – 9000 tours sans défaillir. Le moteur est bien plein à mi régime.
C’est marrant, je ne suis pas frustré par rapport au 1000 contrairement à ce que je pensais. Evidement le 1000 en remet une couche vers 7000 tours mais la 650 est déjà fort sympathique.
Il faut dire qu’en plus elle a un petit son rauque du meilleur effet, Ca, plus les petites vibrations du moteur à l’accélération et son énergie, on a des sensations et l’impression d’aller plus vite qu’en réalité.
Calé à 130, soit environ 6000 tours, si je tourne la poignée elle repart en pleine forme. Ce petit 650 a du peps c’est un bonheur. Elle tiens très bien la route.
Elle se prends bien en main, toujours très maniable, je commence à passer entre quelques voitures... trop facile.
La ou c’est un peu gênant c’est qu’il y a des rafales de vent un peu fortes sur la A4 et cela peut faire un peu dévier la Versys de son cap. Peut être le grand guidon ou le poids vers l’avant. S’il y a peu de vent c’est un rail.
A 130 je peux voir que la petite bulle d’origine commence à laisser l’air m’appuyer sur les épaules mais on est pas vraiment gêné, même si on va plus vite. Par contre à cette vitesse je note des vibrations dans le cale pied droit, un peu gênant. Mes tibias prennent le vent. En cas de pluie ils ne seront pas protégés. Apparemment mes cuisses le seront, elles.
Oups, j’ai raté ma sortie (un peu volontairement il faut bien l’avouer, j'ai un peu la banane) tant pis on va rallonger jusqu’à la A104, chercher une route qui tourne un peu et qui soit un peu dégradée histoire de voir le confort.
Sur la A104 je commence à prendre des courbes assez vite, la moto y est très sereine. J’ai vraiment pris confiance.
Arrivé au carrefour Pontault je sort pour prendre la petite route entre la A104 et la forêt, là, ça tournicote bien mais le bitume n’est pas toujours parfait.
Su la voie de decelleration je lâche les deux mains et de 80 à 50 aucune trace de shimmy.
Dans la forêt, je me surprends alors à aller « un peu trop vite » sans avoir d’appréhensions, la Versys se place tranquilos en courbes, même serrés, et n’élargis pas ses virages. Trop facile.
Les suspensions filtrent très bien les imperfections de la route.
En fait j’ai l’impression d’être sur un supermotard. C’est un supermotard routier, voilà, j'ai trouvé. J'ai envie de sortir le pied dans certains virages. Je m'y crois presque.
Elle est vraiment marrante. J’ai néanmoins quelques problèmes avec la boîte, toujours un peu rêche.
J'ai un peu de mal avec la gestion des régimes aussi, il faut dire que je suis devenu une grosse feignasse car je suis habitué au 1000 qui s’en fout un peu du rapport sur lequel on est et qui tracte toujours. Là il faut quand même passer les rapports au moins à 4000 tours si on veut envoyer du gaz.
Je me dis « voyons voir ce que ça donne si je passe les rapports à la volée » et surprise, ça passe tout seul, ca ne rachoche plus, quand je monte les rapports vers 4000 4500 tours, c’est mieux qu’en embrayant. Bon je teste pas en rétrogradage, je le sens pas, je vais pas abîmer leur petit jouet quand même, on est pas des sauvages.
Oups, c’est l’heure, il va falloir rentrer, je fais demi tour un peu triste.
Bon on va quand même passer par la N4 histoire de mettre le moteur dans différentes situations.
Je passe les rapports assez rapidement et le petit bi arrive doucement à tracter à 2500 tours en 6eme (enfin faut y aller molo quand même). Une souplesse sympa pour un « bi ». Evidemment sa souplesse n’est pas au niveau d’un 4 cylindres.
Comme je l’ai bien prise en main je virevolte dans la circulation, on dirait mon VTT, elle est super agile. Allez, un petit gaaaaz sur un bout droit. Bon, faut faire gaffe aussi je voudrais conserver mes points. Mais bon… allez Gaaaaz. Je m’amuse. Vraiment marrant ce moulin.
Je prends un peu de vitesse et j’arrive sur un feu rouge. Un coup d’œil derrière, personne, je fais un freinage musclé pour voir. L’arrière se bloque brièvement, l’avant reste bien en ligne et m’arrête rapidement. Pas mal. Avec la version ABS c’est sans soucis.
Me voilà arrivé à la concession pour rendre ce joujou.
Il existe évidemment bulles et top case adéquat pour les ceusses qui veulent. Sous la selle on logera un U dans un emplacement prévu et un petit pantalon de pluie, c’est tout.
Révisions tous les 10000 mais possible de faire une vidange intermédiaire selon l’usage.
Pour moi c’est un espèce de jouet, une moto facile si on est pas trop petit, marrante et pas avare en sensations (pour quelqu’un qui sorte d’un 4 cylindres). Comme on a vite confiance avec elle c’est aussi un piège, mais vraiment elle est sympathique.
Je le savais avant, mais un petit 650 peut être aussi, voir plus marrant et sympa qu'une grosse cylindrée.
Au final, je ne lui a pas vraiment trouvé de gros défaut. Juste cette imprécision transitoire de trajectoire sur la A4 avec les rafales et la boîte rêche. Mais face à ce petit moteur on a tendance à oublier ça. En tous cas c’était mon cas sur la durée de l’essai.
J'avoue j'ai oublié mon CBF1000 pour quelques instants, l'attrait du peps du moteur, la position qui change, l'attrait de la nouveauté quoi. Mais je vous rassure mon CBF m'a pardonné et la symbiose est toujours là.
Ah oui, il paraît que la Versys a un appétit d’oiseau aussi.
Vis à vis de la prime d’assurance et du potentiel de sympathie de la Versys, si j’étais à choisir entre un CBF600 et la Versys … hum hum.
