Nathalie94 a écrit :A chacun ses voyages, ses choix,bref sa vie !
... surtout quand on, comme moi, on prépare de temps en temps des confitures d'orange de Menton, des caramels au beurre salé et autres réjouissances qui font rien que du bien à Mumubelle et mon ventrou !!!
Je fais moins de moto qu'avant, mais je choisis plus calmement mes voyages pour en tirer ce que j'en crois la quintessence.
Combien de motards, combien de capitaines,
Qui ne savent que croiser dans des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une route sans fin, par une nuit sans lune,
Sur l'aveugle asphalte à jamais éblouis !
Combien de pilotes morts avec leur sac de sable !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé potines et potos !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque virage en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi la moto, l'autre les motardeaux !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des bords de route inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus de trêve,
Sont morts en attendant de guérir de la crêve
Ceux qui ne sont pas revenus !
On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des motos rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les paysages verts !
On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour une piste plus futile ? -
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le carbu se perd dans l'eau, le sac dans la nuit noire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse la mémoire,
Sur le casque trempé jette le dégueuli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas ses bottes et l'autre bonne vue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils, les motards sombrés dans les nuits noires ?
O routes, que vous savez de lugubres histoires !
Vals profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en buvant un bon coup ,
Et c'est ce qui vous fait ces voix tant espérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!