Hier soir je reçois dans ma boite mail un message de Triumph Experience, le concessionnaire de Montlhéry, m'indiquant que la Street Twin qui m'avait tapé dans l'oeil était disponible pour essai. J'avais en effet fait une demande en ce sens sur le site de Triumph Motorcycles France.
Donc ce matin, à 11h, je décide de passer chez le concessionnaire pour convenir d'un rendez-vous d'essai. "Mais vous pouvez l'essayer tout de suite si vous voulez, vous pourrez même essayer la T120" me dit il. Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas de refus, on fait la paperasse et me voila déjà prêt à enfourcher la plus petite des Bonneville.
Rapide explication du fonctionnement (démarrage obligatoire poignée gauche débrayée, bouton de démarreur sur la position basse du basculeur rouge qui sert aussi de coupe-circuit, touche "I" qui donne accès aux différentes informations de l'afficheur digital inséré dans l'unique cadran du compteur). Il n'y a pas de compte tour, mais sont affichés : la vitesse engagée, le kilométrage avant révision, la jauge à essence, l'autonomie restante, etc.
Elle est belle la Street Twin dans son coloris rouge vif (cranberry red, une option à 150 euros, la couleur de base étant le noir brillant "jet black"). Tiens elle a des échappements Vance & Hines, ce n'est pas loyal ça, je ne pourrai donc pas me faire une idée du son d'origine. Ces échappements sont semblables à ceux de série, seule une étiquette métallique sur chaque pot montre qu'il s'agit bien d'une option. De même les clignotants sont petits, ronds et à led, accessoires non d'origine là encore. C'est du pousse à la consommation ça dis-donc monsieur le concessionnaire




Je m'installe au guidon. J'ai les pieds bien à plat, genoux fléchis. la moto est basse et me semble toute petite. Contact, débrayage, les commandes sont d'une douceur remarquable, démarreur, le twin de 900 cc s'ébroue dans un grondement so british. Première, embrayage, je démarre. Ah qu'elle est légère cette petite Triumph, j'ai l'impression d'être au guidon d'une 125, elle est super maniable. Je sors de la concession et je m'insère dans la circulation de la N20. Le couple est bien présent et la moto répond au quart de tour, je passe la seconde et... j'arrive derrière une file de voitures arrêtées au feu rouge. Je me glisse sans hésiter entre les files et j'arrive au niveau du feu. C'est vraiment sympa d'avoir une moto qui se faufile, cela me change de ma GTR qui ne m'aurait pas autorisé cette audace, avec ses rétros au ras de ceux des voitures et ses deux sacoches. Sans compter qu'au pas la GTR donne plutôt dans le genre lourdingue. Je retrouve le point mort sans souci. Feu vert, 1ère, j'embraye, j'accélère, les voitures sont loin derrière, mais c'est qu'elle a du pep la petiote. Seconde, troisième, argh il faut que j'arrête suis bien au-delà des limitations ! Je m'assagis rapidement et j'en profite pour m'imprégner de la belle sonorité rauque et profonde mais pas hurlante des échappements. Je vais faire un petit tour sur la N104 Francilienne pour accélérer un petit peu, et là encore mon enthousiasme me conduit à des vitesses prohibées. Les accélérations sont franches et vigoureuses, le twin a de la pêche. Il ne fait que 55 CV, mais il a un couple de 80 Nm à 3230 tours. Je passe toutes les vitesses en déplorant qu'il n'y en ait que cinq, le couple disponible aurait largement supporté la démultiplication plus longue d'une sixième qui aurait eu le mérite d'abaisser le régime et ménager la mécanique sur des trajets autoroutiers par exemple.
Bon maintenant je sors de la voie rapide et me dirige vers le parking du lac de Brétigny où je vais faire quelques photos. C'est l'occasion de tester la maniabilité à l'arrêt, je me gare en marche arrière, descends, shoote, puis repars après avoir fait un demi tour. Concluant, c'est un vélo la Street Twin, c'est exactement ce que je recherche. Ah qu'il est loin le souvenir pesant de la Road King, et même le caractère pataud de ma GTR dans les manoeuvres. Et sur les petites rues bosselées de Linas et Montlhéry emmener la belle est un vrai plaisir. Elle roule sur un filet de gaz, freine bien, se faufile entre les obstacles et les trous comme qui rigole. La selle est confortable, la position de conduite me convient et les suspensions remplissent leur rôle sans coup férir. Bref, cette moto me plait et je partirais bien faire un long périple à son guidon. Mais ce n'est pas tout ça, j'ai une T120 qui m'attend maintenant. Donc direction la concession et c'est à regret que je descend de cette machine extrêmement sympathique et facile à piloter, d'autant qu'elle en donne beaucoup pour un prix contenu en regard de la concurrence (8900 €).
Place maintenant à la Bonneville T120. Elle est plus massive, son réservoir est plus rond et dans sa version black elle fait plus sauvage que la Street Twin. Perso ce n'est pas la version que je choisirais, préférant la bicolore rouge et argent.


J'apprécie le combiné compte-tours/compteurs et les fenêtres qui affichent les données de l'ordinateur de bord. Tout y est, consommation instantanée, autonomie, jauge, kilométrage jusqu'à la prochaine révision, etc., la sélection se faisant aussi par un petit bouton marqué I (le sigle "information"). Les poignées sont chauffantes sur trois positions grâce à un commutateur sur le commodo gauche et un bouton sur le commodo droit permet de sélectionner les deux cartographies pluie et route. Cela change du radical dépouillement de l'Indian Scout.
Pour l'essai, même scénario et même parcours qu'avec la Street. Bien que plus massive, la T120 n'en demeure pas moins une bien plus petite moto que ma GTR et elle est pratiquement aussi maniable que la Street. Il faut dire qu'elle ne fait que 224 Kg pour un empattement de 1445 mm contre 198 kg et 1415 mm pour la Street. En revanche son moteur cube 300 CC de plus, fait 80 CV (25 de plus que la Street) et dispose d'un couple de 105 Nm à 3100 tours (25 Nm de plus que la Street à 130 tours plus bas). Et cela se sent. A nouveau, au sortir de la concession j'arrive au feu rouge et rebelotte, je passe aussi facilement entre les files pour m'arrêter au niveau du feu rouge. Mais au démarrage, la puissance et le couple supérieur de la T120 se font sentir et je retrouve les sensations éprouvées avec l'Indian Scout. Ça tracte fort et ça étire les bras. Gaffe au permis ! Les sensations de puissance et de couple se retrouvent également sur la voie rapide, mais la 6ème vitesse permet de n'être qu'à 3000 tours à 120 km/h on peut cruiser longtemps à ce régime, il n'y a pas de vibrations et la sonorité grave du moteur (qui là aussi s'exprime au travers d'échappements Vance et Hines, mais saucisson cette fois) réjouit les tympans. Même facilité de conduite dans les petites rues, même douceur sur un filet de gaz, même maniabilité pour éviter les obstacles, même qualité et douceur des commandes (leviers réglables), même fabrication soignée, cette Bonnie est un régal elle aussi !
Mais ce constat ne fait pas mon affaire, me voilà avec trois motos qui m'ont vraiment énormément séduit et le choix sera cornélien

Au crédit de l'Indian : un moteur fabuleux et très moderne, coupleux comme un Vtwin mais à l'allonge d'un Vfour, un look ravageur à mes yeux, un châssis en aluminium coulé de toute beauté, un comportement rigoureux (sauf le freinage, un peu léger), une transmission par courroie, propre et quasiment sans entretien, une image différente (ce n'est pas la moto de tout le monde, du moins pas encore...).
Au débit de l'Indian : un prix trop élevé (achat et accessoires), moto d'égoïste sauf à débourser force espèces sonnantes et trébuchantes pour installer un pouf et des repose-pieds passager, dépouillement excessif (pas de jauge par exemple, pas d'ordinateur de bord). Pneumatiques d'origine en bois.
Au crédit de la Street Twin : un prix canon pour une moto différente, un look extrêmement sympathique, un très bon moteur moderne, une maniabilité et une facilité de conduite incomparable.
Au débit de la Street Twin : pas grand chose, ah si, sa chaine, je n'aime pas les chaines, c'est sale et ça rouille

Au crédit de la T120 : Nouvelle version d'une légende. Moteur très moderne, puissant, coupleux, aussi agréable à basse qu'à plus grande vitesse, maniabilité, faible encombrement, équipement riche, monte pneumatique d'origine correcte, très bonne tenue de route, très bonnes performances pour une néo-rétro.
Au débit de la T120 : roues à rayons qui imposent des pneus avec chambre à air, chaine. Prix plus élevé que la Street (11900 € contre 8900 €, à comparer avec le différentiel entre la Scout 1200 et la Sixty, respectivement 13650 € et 11990 €, soit un différentiel près de deux fois inférieur à celui qui sépare les deux Triumph ).
Mon coeur balance, mais la raison me dit de choisir Triumph pour des raisons bassement budgétaires (tarif plus contenu et reprise intéressante de ma GTR). Cela dit, l'allonge de la T120, ses six vitesses, son instrumentation, la rendent sans doute plus apte à de longs parcours que la Street Twin. Il reste que le look de la Street me plait bien davantage que celui de la T120, surtout à cause de ses échappements (ceux d'origine s'entend), légèrement relevés et à l'aspect "mégaphone" ainsi qu'à ses jantes alliage que je préfère.
Réponse la semaine prochaine.
Bon week-end les amis, demain je vais en Bretagne participer à la balade 2016 des "motards ont du coeur" de Dinan à Rennes, avec l'ami Moh j'espère.
