L'Experience Tour Harley Davidson prévoit de faire un arrêt chez S-One à Montlhéry, à quelques centaines de mètres de chez moi ! L’occasion est trop belle. Les motos de Milwaukee m'ont toujours fasciné et même si je n'apprécie pas l'image véhiculée par la marque et qui entretient de trop nombreux préjugés (bobo friqués qui paradent à leur guidon dans les beaux quartiers ou à l'inverse bad boys et autres Hells Angels qui terrorisent le bon peuple), j'aime le look des machines de la série Touring.
Je postule donc pour deux motos disponibles et sensiblement différentes même si finalement elles se rejoignent dans leur philosophie, la Road King, entrée de la gamme Touring (qui fait 23 600 euros tout de même) et la Superlow 1200T, beaucoup plus abordable (12.600 €) qui est un sportster 1200 à la sauce Touring car équipé de valises et d'un pare-brise.
Samedi 4 juin rendez vous est donc pris à 09h00 pour essayer les bêtes. Le temps est gris, mais il ne pleut pas, pourvu que ça dure. J'arrive chez Harley et là on me dit que je ne suis pas sur la liste des essais de 9h mais sur celle de 10h. Une balade d'une heure est prévue avec un arrêt à mi-parcours pour changer de machine. En attendant la concession nous offre aimablement le café et les viennoiseries, sympa. Pour patienter je fais le tour du show room et détaille la collection rutilante de ces motos mythiques. Il y a à peu près tous les modèles, du roadster Street 750 à refroidissement liquide à l'Electra Glide Ultra en passant par la Vrod Muscle. Ouch, ça brille et je ne peux m'empêcher de songer à la fortune exposée là, dans les deux étages de la concession !
Tiens, dans la cour à côté du stand Experience Tour il y a un stand Jekyll et Hyde, vous vous souvenez, les échappements à valve actionnable électroniquement. C’est l’occasion de discuter avec le commercial de mon ressenti à propos de l’échappement de l’Indian Scout essayée récemment qui était équipée de l’un de ces exhaust.
09h50 : les participants de l'essai de 10h00 sont conviés à l’intérieur de la concession à un briefing. On nous décrit les motos que l'on va essayer, leurs particularités (position du contacteur qui diffère selon les modèles, garde au sol limitée qui requiert de la vigilance, ainsi que de l’effet du gros couple sur le caractère peu adhérent des pneus en bois qui équipent la plupart des modèles). Enfin on nous donne des consignes de sécurité et on nous distribue des gilets jaunes.
L'heure est maintenant venue d'oeuvrer au guidon des mythes, mais que voit-on en sortant de la concession : il pleut à verse ! Ah ça va être un vrai bonheur de tester sous une pluie battante dans des ptits coins viroleux de la vallée de Chevreuse des motos qui ne tiennent pas la route et qui sont censées frotter partout ! Cerise sur le gâteau, je n'ai pas ma combinaison pluie !
Tant pis, ce qui est dit est dit, je me dirige vers la moto qui m'est assignée, donc la Superlow 1200T pour commencer. Elle est plutôt coquette cette petite Harley, son accastillage est de qualité mais à côté d'une Road King on dirait un jouet ! Je m'installe, j'ai les deux pieds à plat, la moto semble maniable, c'est plutôt positif. Contact, démarreur, le Twin en V s'ébroue sans trop de bruit, la première passe sans problème, embrayage, on démarre. C’est confirmé, la moto est maniable, elle ne fait pas ses 263 kg. Mais diantre que la garde d’accélérateur est importante, il faut presque faire un quart de tour de poignée avant de sentir le câble résister. Ce n’est pas du Ride By Wire comme sur l’Indian. En revanche les vitesses passent bien et se verrouillent sans souci. J’accélère un peu, le moteur grogne, vibre, ronchonne, il est rugueux, on dirait que le twin est sur la défensive et n’aime pas que l’on descende trop bas dans les tours ni qu’on monte trop haut. Ce n’est pas ce que j’imaginais comme ressenti au guidon d’une Harley. Certes on roule pianissimo à cause de la route détrempée, mais justement je pensais que c’est en cruisant cool sur le couple que l’on appréciait les engins de Milwaukee et en fait en ce qui concerne la Superlow 1200 ce n’est pas le cas, du moins pas comme je l’imaginais et pas comme ce que j’ai ressenti avec l’Indian. Je suis déçu. A un moment mon prédécesseur et moi sommes bloqués par un feu rouge pendant que le reste de la troupe continue d’avancer, ce qui est plutôt une bonne chose car en sortie de village, pour rattraper le peloton, j’accélère, double mon prédécesseur et tente une petite pointe. Le 1200 répond bien, mais sans étirer les bras comme celui de la Scout. Dans les virages en revanche c’est la circonspection qui mène le jeu : ni les uns ni les autres ne connaissons les réactions de nos engins sous la pluie et n’avons envie de nous vautrer. Les courbes se prennent donc à rythme de sénateur et il n’est pas question de faire frotter les chromes. Rien de transcendant donc dans cet essai plan plan, je ne ferai pas mienne la Superlow, ça c’est maintenant réglé !
On arrive maintenant à mi-parcours, il est temps d’opter pour la Road King. Ce n’est pas du tout la même limonade. L’engin est massif et très lourd avec ses presque 400 kg. Ça brille de partout, c’est clinquant, je ne suis pas à l’aise, pas à l’aise du tout, il pleut trop, la route est trop gras-mouillé, mes chaussures glissent lorsque je pose le pied, bref ça commence mal. Mais bon on avance et je tente de m’habituer au sélecteur à double levier. Un piège ce truc-là : en pensant poser le pied sur le repose pied, en fait j’appuie sur le levier de talon et repasse la moto au point mort. Pfff le mieux est parfois l’ennemi du bien ! Et puis pour passer les vitesses il me faut décoller le pied, sûrement une question d’habitude, mais cela ne me plait pas. Enfin bon, nous voilà sur le chemin du retour et le ressenti au guidon du gros Road King n’est pas de nature à me faire m’extasier. Il y a du couple, de la souplesse, du confort, il a même trop de couple car en accélérant je fais patiner le bouzin qui n’a évidemment pas de contrôle de traction. Idem un peu plus loin en décélérant un peu trop brutalement mais sans freiner : repatinage. Je comprends pourquoi les harleystes ne sortent leur bécane que par beau temps : ces trucs-là sont inconduisibles sous la flotte, ou alors il faut vraiment bien connaitre sa machine, ce qui n’est pas mon cas et ce qui ne le sera jamais, je n’ai vraiment pas apprécié cet essai et n’ai même nulle envie de le réitérer sous un ciel plus clément pour tenter de cerner davantage le caractère de ces motos. On rentre et je suis content de descendre du mammouth. Il faut dire que les 25kg que j’ai perdus récemment accentuent le différentiel de poids entre l’homme et la machine et ça compte lorsque l’on veut déplacer 400 kg de métal, voire simplement les maintenir à la verticale, même si l’on a les pieds bien à plat.
La messe est dite, je ne deviendrai jamais harleyiste. Autant j’ai apprécié l’Indian, autant les moteurs et les parties cycles de chez Harley ne m’ont absolument pas convaincu.
Entretemps Triumph Montlhéry vient de me prévenir : La Street Twin est disponible à l’essai et je vais me faire un plaisir d’aller les voir pour tester la petite anglaise.
A bientôt donc
