Je vais y aller de ma petite science, en essayant d'être clair :
Petite définition simple :
Le guidonnage est un mouvement de va-et-vient droite/gauche de la roue avant sur son axe.
Il survient dans deux cas, surtout :
-en décélération à basse vitesse,
-en accélération à haute vitesse, en sortie de courbe, ce dont je ne parlerai pas aujourd'hui, ce phénomène n'étant à priori pas celui qui nous tracasse à c't'heure avec nos petites CBF.
Pour essayer d'être clair, un peu d'histoire :
La draisienne, ancêtre de notre adorable CBF (des autres aussi, mais j'ai plus de sentiments avec la mienne et ses soeurs), que l'on peut voir propulsée à toutes jambes sur des dessins datant des années 1820 et des broutilles, avait une particularité : la fourche de la roue avant était perpendiculaire au sol !
Pas grave, il est vrai, car on atteignait rarement les 240 km à l'heure avec.
Pourquoi, pas grave ?
Eh bé, parce que le balancement des jambes de l'impromptu et, surtout, les mouvements donnés de droite à gauche avec son "guidon" lui permettait de garder sa machine à la verticale !
A 20 à l'heure, no problémo :-D
Les hommes, et particulièrement les génies, sont nés flemmards (certains aussi flamands, d'ailleurs) :-?
Bobo aux bras, dit un génie v'la t-y pas qu'faudrait faire quequ'chose, parce qu'en plus, il était malingre et portait des lorgnons (là, j'invente peut-être le personnage, mais j'adore les imaginer comme ça, c'est pas Vandhamme qui me contredira !).
Il prend sa table à dessin, et pouf, pouf, il avance l'axe (horizontal) de la roue avant par rapport à l'axe (vertical) de rotation de la fourche.
Ouais, dit-il en s'extasiant et s'en va prendre une bonne cuite.
Mais qu'à-t'il réussi à imaginer de si intéressant ?
C'est simple comme le tire-bouchon, en procédant à ce décalage, il advient que, quand on pousse avec élan cet ancêtre du vélo, il commence à vouloir tomber d'un côté, étant comme son inventeur sensible à la gravitation, le guidon tourne à doite, mais, l'appui de la roue se faisant à gauche de l'axe du cadre, à cause du décalage des axes, le guidon se met à virer à gauche, puis à droite, etc.. jusquà une vitesse de la machine trop faible pour compenser la chute aussi inévitable que celle de l'inventeur qui avait, de son côté, embrassé les galets de la ruelle où se trouvait le sordide estaminet dans lequel il avait éclusé moults pichets de bière aigre.
Oui, là aussi j'aime imaginer les génies sans le sous, c'est dans le purin que naissent les plus belles fleurs.
Ce phénomène s'applique aussi sur notre CBF, les ingénieurs ayant depuis longtemps compris que ça marchait aussi en décalant vers l'avant l'axe des tubes de fourche par rapport à l'axe de rotation de la fourche et en donnant un angle (angle de chasse) de ce dernier par rapport à la route.
La perfection n'étant pas de notre monde, on a fait des compromis :
- Plus il y a d'angle et plus la moto est stable en ligne droite, mais plus elle est lourde dans les virolos (customs, choppers).
- Moins il y a d'angle, moins elle est stable en ligne droite, et plus elle est légère en virolos.
Ce phénomène se rajoute bien sûr à celui de la force gyroscopique des roues, sachant que, plus la roue a de l'inertie, plus elle s'oppose à un changement d'angle dans un pif-paf, mais plus elle AMORTIT les mouvements du guidon !!
Oh, oh, ça devient intéressant, alors, on résume :
1 / Angle de chasse,
2 / inertie des roues,
3 / imperfections de la route,
4 / Eh oui, mes amis, il y a une quatrième raison : notre CBF n'est pas parfaite non plus !!
Fort de cette science que vous avez assimilée avec tant de patience et de tact, ne me vouez pas aux gémonies, je suis désolé, mais je le répète, elle n'a pas atteint la perfection ! re
Les éléments qui la composent n'ayant pas la rigidité absolue, les tubes de fourche surtout, ces petits détails qui nous pourrissent la vie vont jouer un rôle important dans un phénomène qui est le thème de ma modeste intervention, j'ai nommé le guidonnage !! :-(
Tout élément possède une élasticité qui lui est propre, et, de plus, quand il est composé de nombreux éléments, chacun joue de son petit concert vibratoire en solo, provoquant une joyeuse cacophonie, essentiellement le moteur, le cadre et éventuellement la sds.
Pour la sds, un petit arrêt pipi, et les problêmes s'estompent souvent rapidement, pour le moteur, ça chatouille mais ne tue pas, mais, pour le cadre, ce machin plein d'axes, de tubes, de tôles et autres ingrédients soudés, vissés ou enboités, la chanson est autrement plus compliquée !!
Alors, au moindre petites bosses sur la route, elle se tord un peu (et pas de rire).
Et, quand elle se tord de la sorte toute cette belle harmonie entre les axes de roues, de fourche, de bras oscillant se transforme en micro-merdier !!
De plus, quand l'effet gyroscopique se fait moins sentir (basse vitesse) et que la décélération appuie sur les ressorts de fourche, ceux-ci étant aussi imparfaits que votre serviteur donc inégaux dans leur travail, puisque la fourche se tord, le reste fait pareil, et, si on ne freine pas ce désagréable phénomène, il s'amplifie grâce un autre bête phénomène dit de résonnance, la machine cherchant toujours la verticale (elle est conçue pour çà), et ça peut aller jusqu'à cogner sur les butées de direction et se terminer par un magnifique vol planné si destructeur de membres et de portefeuille.
La seule solution est alors de ne pas lacher les mains du guidon, cette acrobatie étant réservée aux pros habitués des salles de billard, mais chirurgical !!
Quand aux petits Rossi en puissance, s'il mettent un amortisseur de direction identique à celui d'El Doctore, ils risquent de connaître la surprise de leur vie, sauf, bien sûr, s'ils ont des biscottos de camionneurs.
Pour nos machines de route, les amortisseurs montés en sus ne jouent leur rôle que lors d'une amorce de guidonnage, c'est-à-dire un mouvement bref, sinon, leur fonction est quasiment inexistante.
Et bé voilà, je me relis et je vais vous laisser et me prendre une bonne douche, histoire de refroidir le matos.
Mumu servteur
